
Jeudi 10 septembre 2024, le cabinet de la ministre a présenté le projet de loi de finances 2025. Au regard des chiffres, s’il est une priorité pour le gouvernement, c’est celle de l’austérité. C’est le ministère de l’Éducation nationale qui en fait le plus lourdement les frais avec 4000 postes d’enseignants en moins.
Alors que les urgences criantes sautent désormais aux yeux à travers les crises qui s’installent, la question de ses remèdes se pose : une crise peut-elle se passer d’un traitement choc ? S’il est un choc dans l’école et dans la société : n’est-il pas le choc de savoir que l’École va si mal et que le pouvoir ne change pas de cap ?
Le choc dans le Premier degré : 3155 postes supprimés (...)
Ces suppressions de postes vont entrainer des milliers de fermetures de classes. Le Pour le Second degré public, c’est une perte de 180 postes dans le public et de 40 dans le privé sous contrat. S’il semble épargné en 2025, ce n’est que remis à plus tard, par ruissellement puisque l’argumentaire du ministère est la baisse démographique. (...)
Pourtant, les représentants des familles comme la FCPE et les syndicats ne cessent de répéter que la baisse démographique représente une chance pour baisser de façon notable les effectifs dans toutes les classes. La France est -toujours- l’un des pays avec les effectifs de classe les plus chargés.
« Une véritable saignée qui tourne le dos aux ambitions de l’École » (...)
Le Pacte a été reconduit, ainsi que les moyens pour la reconduite de la mesure du Choc des savoirs pour les « groupes de besoins » en 6e et 5e. A noter qu’aucun financement n’a été prévu pour les groupes de niveau 4e et 3è.
C’est la stabilité du budget, comme celle de la ligne politique. « Défendre l’école publique, c’est aussi défendre ses moyens » annonce le cabinet en préambule. Si le ministère n’a pas été amputé des 700 millions exigés en février, ses moyens ne sont pas à la hauteur des défis ce que la prédécesseure de la ministre Genetet avait annoncé. Il est à noter qu’un budget maintenu ne va pas sans compter des suppressions de postes, avec les avancements de carrière.
La secrétaire générale du SNES, Sophie Vénétitay souligne l’absence « mesure nouvelle sur les salaires alors qu’on manque de professeurs » dans un pays qui se distingue aussi des autres pays européens par des salaires plus bas en moyenne. Et ce, malgré les annonces des ministères des « revalorisations » qui ne couvre pas l’inflation et le gel du point d’indice. (...)
Il n’est pas question d’une hausse de salaire, or c’est une condition essentielle pour l’attractivité du métier. Rien n’est prévu également pour la formation.
Le PLF annonce la création de 2000 postes d’AESH, un chiffre qui restera insuffisant pour les 45 000 élèves en situation de handicap, et pour garantir des personnels formés aux salaires suffisants.
Pour les agents de la Seine saint Denis, le budget 2025 reconduit et conforte la prime de fidélisation qui passe de 10 000 à 12 000 euros par an. Les personnels du 93 exigent un véritable plan d’urgence pour leur département. Leur revendications dépassent celles de leurs salaires, ils soulignent un réseau de difficultés qui rendent difficiles les conditions d’exercice de leurs missions.. L’absence de mixité et la pauvreté des familles sont des facteurs, qui dépassent le cadre du budget du MEN, mais pas de ses choix politiques, comme de ceux du gouvernement. Or, jeudi matin, ministre Belloubet a enterré devant le Sénat le projet d’une action en faveur de la mixité.
Le Pacte reconduit en 2025 : priorité au Remplacement de Courte Durée (RCD) (...)
le Pacte et son dispositif de Remplacement à Courte Durée ne parviendra jamais à combler les milliers de postes vacants, d’absences de remplaçants dans de nombreuses disciplines. Le pacte n’est pas une revalorisation salariale. A la rentrée, il manquait un professeur dans 56% des établissements. 3200 postes n’étaient pas pourvus aux concours 2024. Reconduire le pacte et son budget pose la question de sa ventilation notamment dans le privé, au regard du bilan 2024.
Gestion de crises : comprendre les besoins des personnels (...)
pour l’école plus innovante, plus inclusive, l’école du bonheur que la ministre Genetet appelle de ses vœux dans son édito au PLF2025 ou lors de la cérémonie de passation, il faut déjà des … professeurs, et même plus de professeurs. Donc répondre à la question prioritaire de l’attractivité du métier. Plutôt qu’à celle de la cure d’austérité. Et donc changer d’approche… voire de cap.