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Mediapart
Écologie : refuser la grande offensive réactionnaire
#electionseuropeennes #ecologie #extremedroite
Article mis en ligne le 5 juin 2024
dernière modification le 4 juin 2024

Une crise agricole et d’impressionnants reculs ; deux grands débats télévisés qui traitent l’écologie par le petit bout de la lorgnette : la campagne des européennes a rendu l’écologie politique inaudible.

« Écologie punitive », « idéologie de la décroissance », « fanatisme écologique »…, sans oublier le déjà éculé « agribashing » : que n’a-t-on entendu ces dernières semaines ! (...)

Le sujet de l’écologie n’a jamais été aussi présent dans une campagne électorale. Mais de quoi parle-t-on ?

Depuis un an, en réalité, l’écologie ne cesse d’être stigmatisée. À partir du moment où il a commencé à s’attaquer au secteur agricole, le Pacte vert, cette politique lancée à l’échelle du continent pour faire face aux urgences écologiques et climatiques, a fait l’objet d’une opposition très organisée de la droite, de l’extrême droite et d’une grande partie des libéraux européens. Les textes ont été détricotés ou rejetés.

Et cet hiver, les mobilisations agricoles qui ont éclaté dans une dizaine de pays ont achevé d’enterrer la perspective d’une Europe plus écologique. En ayant imposé, à Paris comme à Bruxelles, une série de renoncements, les organisations agricoles les plus rétrogrades, FNSEA en tête, ont préempté les sujets environnementaux.

L’écologie semble être devenue un gros mot, l’écologie politique un combat d’arrière-garde. (...)

le parti Les Écologistes n’est pas assuré de passer la barre des 5 % qui lui permettrait de rester dans l’hémicycle. (...)

Les autres gauches ne font pas forcément mieux. La France insoumise (LFI), qui porte un discours de « bifurcation écologique », ne décolle guère. Et quand d’aventure on entend parler d’écologie dans la campagne électorale, ce n’est que pour la disqualifier.

De son côté, depuis son arrivée à Matignon, Gabriel Attal a affiché un désintérêt presque total pour l’écologie. (...)

En France, le gouvernement a donc choisi, avec des accents populistes chers à l’extrême droite, de défendre les « petits propriétaires » plutôt que les précaires énergétiques, tournant le dos aux objectifs climatiques qu’il s’était lui-même fixés.
Contre-vérités climatiques

Il est nécessaire, pourtant, de mettre un stop à la grande offensive réactionnaire sur ces sujets. Qu’elle s’appelle Pacte vert ou qu’elle porte d’autres noms, la politique européenne ne peut pas faire abstraction des urgences qui mettent en péril notre avenir sur cette planète, et en particulier celui des populations les plus précaires. L’effondrement de la biodiversité se poursuit, faisant peser des risques majeurs sur la production alimentaire des années futures.

Quant au climat, l’Agence européenne de l’environnement a livré en mars dernier sa première étude sur les risques climatiques en Europe. Elle y a souligné que les dérèglements climatiques menacent « la sécurité énergétique et alimentaire », « les infrastructures », « la stabilité financière » ou encore « la santé de la population » de notre continent. Un mois plus tard, c’était au tour du programme européen Copernicus d’estimer qu’en Europe, le réchauffement du climat est deux fois plus rapide que dans le reste du monde. (...)

Alors que depuis un an, tous les mois ont battu leur propre record de chaleur, cette campagne des européennes aura mis en lumière une nouvelle alliance de la Macronie, de la droite et de l’extrême droite : celle d’une coalition réactionnaire contre l’écologie, qui signe, en somme, sa fébrilité face à la réalité climatique.