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France24/observers
Éboulements spectaculaires dans les Alpes françaises : le permafrost fond, les montagnes s’effondrent
#permafrost #Alpes #eboulements #rechauffementclimatique
Article mis en ligne le 18 septembre 2024
dernière modification le 15 septembre 2024

Des rochers de plusieurs tonnes se détachent du col de l’Encrenaz et s’écrasent jusqu’à 300 mètres plus bas, dans un nuage de poussière. Ces images d’un éboulement spectaculaire survenu le 10 septembre, dans le massif des Aiguilles Rouges, dans les Alpes françaises, ont fait le tour des réseaux sociaux et des chaînes de télévision. S’il est extraordinaire par son volume et sa localisation, ce n’est pas le premier éboulement dans la région. De l’autre coté de la vallée, les chutes de pierres se sont multipliées cet été dans le massif du Mont-Blanc. En cause : le changement climatique.

Au mois d’août, au moins quatre éboulements ont été filmés à un seul et même endroit : l’Aiguille du Midi, célèbre pour son téléphérique qui, chaque jour, permet à plus de 3 000 touristes de monter à 3 842 m d’altitude environ, depuis Chamonix. (...)

Nombreux sont les touristes qui s’inquiètent même de l’avenir du téléphérique, qui accueille chaque année plus d’un demi-million de visiteurs. "Le téléphérique de l’Aiguille du Midi est en sursis”, commente ce touriste qui filme un éboulement le 30 août 2024. (...)

Pour limiter les risques, les guides et alpinistes adaptent leurs pratiquesPour limiter les risques, les guides et alpinistes adaptent leurs pratiques (...)

Ludovic Ravanel est géomorphologue au CNRS. En 2007, il a mis en place un réseau d’observation dans le massif du Mont-Blanc pour suivre ces glissements de terrain. Si le changement climatique a contribué à l’augmentation de ces événements ces dernières années, il estime que l’année 2024 n’est pas la plus mauvaise pour l’instant.

Au-dessus de 2 500m sur la face Nord du Mont-Blanc, et 3 000m sur la face Sud, les parois sont gelées en permanence. C’est ce qu’on appelle le permafrost. Cet état thermique permet la présence de glace dans les fissures. Ce sont des glaces qui ont plusieurs milliers d’années, elles servent de ciment. Si elles fondent, c’est là qu’on voit des déstabilisations. C’est ce qui se passe quand il y a des étés caniculaires.

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En 2022, nous avions atteint un record absolu avec près de 300 événements de plus de 100 m3. Cette année, on a eu moins de déstabilisations. Il y a eu un très fort enneigement cet hiver, qui stabilise les terrains. Et même si les températures ont été relativement élevées en moyenne, il n’y a pas eu d’épisodes caniculaires similaires à ceux de 2022 ou 2023. Nous n’avons pas encore de chiffres précis pour 2024, mais on sera entre 150 et 200 éboulements.

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Ludovic Ravanel souligne toutefois les risques liés à ces événements de plus en plus fréquents.

C’est dangereux. Mais les alpinistes sont particulièrement attentifs. Les guides s’adaptent aussi.

Le problème, c’est qu’on commence à observer des phénomènes qui peuvent produire des risques jusque dans les vallées. C’est ce que l’on appelle des risques d’origines glaciaires et périglaciaires.

En 2017, par exemple, dans le canton des Grisons, en Suisse, 3,1 millions de mètres cubes du Piz Cengalo se sont décrochés et sont tombés sur un glacier. Ça a pulvérisé le glacier qui s’est transformé en eau. L’eau s’est mélangée à la roche, ce qui a provoqué une série de coulées boueuses qui ont atteint le village de Bondeau, à 6 km de là. Une centaine de bâtiments ont été détruits, et huit randonneurs ont été tués.