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France24
Droit à l’avortement : en Amérique latine, la "vague verte" poursuit sa course malgré les obstacles
#fammes #avortement #iVG #ameriquelatine
Article mis en ligne le 30 septembre 2023
dernière modification le 29 septembre 2023

Le Mexique a décriminalisé l’avortement début septembre, rejoignant des pays comme l’Argentine ou la Colombie qui autorisaient déjà l’IVG. Mais où en est ce droit en Amérique latine, continent encore largement conservateur sur le sujet ? France 24 fait le point à l’occasion de la Journée internationale pour le droit à l’avortement, ce 28 septembre.

Alors que les restrictions au droit à l’avortement se multiplient aux États-Unis depuis juin 2022, l’Amérique latine a vu de son côté le Mexique rejoindre début septembre la liste des pays autorisant l’IVG (interruption volontaire de grossesse). Un pays de plus emporté par la "vague verte" de légalisations et de dépénalisations de l’avortement initiée par l’Argentine sur le continent, après la mobilisation de dizaines de milliers de femmes descendues dans la rue en brandissant des bandanas verts pour défendre leurs droits.

Le chemin, cependant, reste long. "Dans les pays (d’Amérique latine) où l’avortement est dépénalisé sur le plan juridique, il y a toujours des obstacles à sa mise en œuvre sur le plan social" (...)
"Le système juridique qui pénalise l’avortement dans le code pénal fédéral est inconstitutionnel", a estimé le 6 septembre la Cour suprême du Mexique, assurant par un vote unanime l’accès à l’avortement sur l’ensemble du territoire. "C’est la première fois que la Cour suprême du Mexique établit qu’il s’agit d’une violation des droits de la femme, c’est un pas vraiment historique", souligne Fanny Gómez-Lugo.

Le 7 septembre 2021, la même Cour suprême avait déjà invalidé plusieurs articles d’une loi de l’État de Coahuila prévoyant une peine de prison pour les femmes ayant recours à l’IVG et le personnel de santé les aidant. (...)

Consciente du conservatisme du pays sur le sujet, Fanny Gómez-Lugo reste prudente : "S’il est désormais inconstitutionnel de criminaliser les femmes qui se font avorter, les institutions de santé pourront néanmoins continuer à mettre des obstacles, comme invoquer des objections de conscience, par exemple, pour entraver d’une manière ou d’une autre l’exercice de ce droit."

Les mentalités semblent pourtant changer dans le pays. (...)

Au Brésil, la dépénalisation examinée par la Cour suprême (...)

Vers un retour à l’interdiction totale au Chili ?

Au Chili, l’interruption volontaire de grossesse est illégale, sauf en cas de risque pour la santé de la mère, de viol, ou de malformation du fœtus. De rares exceptions, acquises en 2017, qui pourraient bientôt disparaître.

Le 20 septembre, le conseil chargé d’écrire la nouvelle Constitution chilienne – dominé par l’extrême droite – a en effet approuvé un article qui "protège la vie de toute personne à naître" et qui pourrait donc entraîner l’interdiction totale de l’avortement dans le pays. Un possible retour en arrière alors que, selon les données du ministère de la Santé, près de 4 300 femmes ont pu avoir recours à l’IVG dans le cadre de la loi entre 2018 et juin 2023 – un grand nombre d’entre elles étant en fait, dans les cas d’avortement pour viol, des jeunes filles de 13 ans.

Les Chiliennes et Chiliens se prononceront par référendum le 17 décembre prochain sur ce projet de Loi fondamentale encore en cours d’élaboration. (...)

Menace en Argentine (...)

L’économiste ultralibéral Javier Milei, candidat à l’élection présidentielle d’octobre, ambitionne d’interdire à nouveau l’IVG, tout comme l’éducation sexuelle à l’école. Sa percée spectaculaire aux législatives d’août fait de lui un sérieux prétendant à la présidence, ou tout du moins au deuxième tour le 19 novembre. (...)

Un mouvement lancé par Cuba

Cuba est le premier pays d’Amérique latine à légaliser l’avortement, jusqu’à la huitième semaine de grossesse, mesure prise dès 1965 (...)

Interdiction totale dans certains pays

La liste des pays d’Amérique latine et des Caraïbes où l’avortement est totalement interdit – même en cas de viol, de risque pour la vie de la mère ou de malformation du fœtus – est encore longue. Selon les informations du Center for Reproductive Rights, le Honduras, le Nicaragua, le Salvador, la République dominicaine, Haïti, le Suriname et la Jamaïque rejettent toujours tout assouplissement de leur législation, prévoyant pour certains d’entre eux de lourdes peines de prison. Au Salvador, des poursuites peuvent aussi être engagées pour "homicide aggravé", passible de 50 ans d’emprisonnement. (...)