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Donald Trump tente de contrer les doutes sur sa politique économique
#USA #Trump
Article mis en ligne le 22 décembre 2025
dernière modification le 20 décembre 2025

Donald Trump semble rattrapé par la malédiction de son prédécesseur. Le président des États-Unis doit faire face à un scepticisme de plus en plus grand face à sa politique économique. Alors, il contre-attaque en affirmant que tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles. Une stratégie qui avait coûté cher à Joe Biden et aux démocrates en 2024.

Mercredi 17 décembre, Donald Trump a, en tout cas, jugé indispensable d’intervenir sur les sujets économiques pour rassurer et reprendre l’initiative. Dans un discours de 18 minutes, l’ancien magnat de l’immobilier new-yorkais a multiplié les contre-attaques aussi brouillonnes les unes que les autres dans son style inimitable, maniant l’exagération jusqu’à l’absurde.

Le plus beau spécimen du jour sera sans aucun débat possible cette promesse de faire baisser le prix des médicaments de « 400 %, 500 % et même 600 % », alors qu’une baisse de 100 % les porterait déjà à zéro (...)

Le premier réflexe de Donald Trump a été de blâmer l’administration précédente. (...)

Voilà une semaine, le président avait noté lui-même son bilan économique « A ++++ », ce qui pourrait se traduire en bon français par « 25 sur 20 »…

Multipliant les effets de manche, Donald Trump a semblé néanmoins hésiter entre la reconnaissance que le problème du pouvoir d’achat était bien réel et le discours qu’il portait depuis quelques semaines selon lequel il s’agissait d’une « invention » forgée par les démocrates. Il a ainsi tancé la population, qui « devrait le remercier pour ramener des emplois industriels et chasser les immigrants de la force de travail ». Et là encore, peu importe que les emplois dans l’industrie manufacturière aient été réduits de 5 000 postes en novembre et que la hausse des salaires soit désormais sous pression.

En attendant, il a néanmoins annoncé des mesures de soutien aux consommateurs. Pour commencer, un chèque d’une somme symbolique de 1 776 dollars aux personnels de l’armée et aux réservistes. Un montant équivalent à la date de l’indépendance du pays dont le 250e anniversaire sera fêté l’an prochain. Ce « dividende des guerriers », comme il l’a appelé, serait déjà « en route » et concernerait 1,4 million de personnes. (...)

Pour les autres, Donald Trump promet aussi des lendemains qui chantent. (...)

Ce discours montre, par ses extravagances mêmes, le sentiment d’urgence qui règne à la Maison-Blanche. Après onze mois au pouvoir, les promesses de la campagne de 2024 peinent à se matérialiser et les conditions de vie de la population, notamment la moins riche, restent difficiles. Et dans certains cas se sont même dégradées.

Bien sûr, l’effondrement promis par certains n’a pas eu lieu. Les droits de douane n’ont pas conduit à des hausses vertigineuses de prix, et la croissance économique résiste. Mais ces chiffres de façade cachent une réalité très contrastée qui est résumée, dans les milieux financiers, par les termes d’« économie en K ». Cette expression signifie qu’une partie de l’économie connaît une croissance soutenue, tandis qu’une autre connaît, elle, une situation beaucoup moins heureuse.
L’emploi en difficulté (...)

Le point le plus préoccupant est la hausse du taux de chômage qui, en novembre, se situe à 4,6 % de la population active, en hausse de 0,4 point sur un an. C’est le plus haut niveau de ce taux depuis septembre 2021. Et, si on exclut les variations liées au covid, il faut remonter à décembre 2016 pour trouver un taux plus élevé. (...)

Autrement dit, le chômage est désormais revenu à des niveaux oubliés depuis près de dix ans. Et les créations d’emplois depuis le retour de Donald Trump au pouvoir sont insuffisantes pour faire face à la hausse de la population active, et cela en dépit des déportations massives mises en place par cette administration. D’ailleurs, le taux de chômage bondit chez les 16-19 ans, passant de 13,1 % à 16,3 % en un an. C’est une preuve que le marché du travail ne parvient pas à absorber les nouveaux venus.

Mais il y a davantage. D’abord, la baisse est menée par le secteur public où les réductions de postes sont massives : 168 000 en deux mois. Ensuite, si le secteur privé a continué de créer des emplois, les conditions de ces emplois sont parfois difficiles (...)

Au reste, tous ces chiffres sont incertains. Le « shutdown » gouvernemental d’octobre, qui a duré soixante-douze jours, a fortement perturbé la collecte des données. Au point que certains s’attendent à des révisions, notamment à la baisse. (...)

Les consommateurs inquiets

Rien d’étonnant alors à ce que les consommateurs fassent grise mine. En septembre, dernier chiffre disponible, les dépenses réelles de consommation sur un mois étaient en stagnation. Et, depuis, la confiance des ménages n’a cessé de se réduire. (...)

Reste l’inflation. Le dernier chiffre publié pour novembre semble rassurant, avec une inflation annuelle à 2,7 %, en recul par rapport aux 2,8 % de septembre. Mais il faut se méfier. D’abord parce que, comme on l’a dit, la collecte des données a été perturbée par le shutdown et que les chiffres publiés jeudi 18 décembre sont non corrigés des variations saisonnières et sujets à la plus grande prudence. Mais aussi parce que ces indices ne traduisent pas réellement les effets sur les budgets des familles.