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Mediapart
Dissolution de la Jeune Garde : « Les arguments du ministère de l’intérieur sont basés sur les dires de l’extrême droite »
#antifascisme #extremedroite #Retailleau #lajeunegarde
Article mis en ligne le 3 mai 2025
dernière modification le 2 mai 2025

Mardi 29 avril, le ministre de l’intérieur Bruno Retailleau a annoncé une procédure de dissolution contre l’organisation antifasciste de la Jeune Garde. Son porte-parole, Cem Yoldas, réagit aux accusations portées contre le groupe.

Convoqué au commissariat de Strasbourg mardi 29 avril en milieu d’après-midi, Cem Yoldas a reçu la notification de dissolution de la Jeune Garde antifasciste. Quelques heures plus tôt à l’Assemblée nationale, le ministre de l’intérieur, Bruno Retailleau, répondait au député Rassemblement national (RN) Sébastien Chenu et confirmait une « procédure contradictoire contre la Jeune Garde qui doit amener, [il] l’espère, à cette dissolution ».

La notification fait quatre pages. Elle s’appuie notamment sur des publications au sein du groupe Telegram « Antifasquad » dans lequel des membres de la Jeune Garde sont mis en avant pour des agressions sur des militants d’extrême droite.

Porte-parole de la Jeune Garde antifasciste, Cem Yoldas balaye les accusations contre l’organisation antifasciste qui revendique plus d’une centaine de membres dans sept villes en France. Dans un entretien accordé à Rue89 Strasbourg, il insiste sur l’absence de condamnations de militants de la Jeune Garde qui viendrait justifier cette procédure. Il appelle aussi à « faire front » contre la nouvelle offensive du ministre de l’intérieur visant la gauche. (...)

Cem Yoldas : La demande de dissolution de la Jeune Garde est une demande historique de l’extrême droite, du collectif Némésis au député RN Julien Odoul, en passant par le média Frontières. Mardi 29 avril, c’est le député RN Sébastien Chenu qui l’a demandée au ministre de l’intérieur. C’est ce qu’on constate depuis des mois, Bruno Retailleau mène une politique dirigée vers l’extrême droite et répond aux revendications de l’extrême droite la plus violente, comme la Cocarde étudiante. (...)

Quels sont les fondements juridiques de la procédure de dissolution lancée par le ministère de l’intérieur ?

La première chose qui nous a été reprochée dans cette procédure, c’est l’antifascisme. Dans quelques jours, le 8 mai, on célèbre la chute du nazisme et la victoire des Alliés. Récemment, le président de la République a rendu hommage au résistant Missak Manouchian. Et aujourd’hui, on incrimine l’antifascisme en tant que tel. Cette procédure de dissolution est grave, car elle s’attaque à une partie de l’histoire de notre pays.

Ce qui nous est reproché, ce sont aussi des publications avec « un vocabulaire incitant à la violence envers un groupe adverse ». On reproche au député insoumis et porte-parole de la Jeune Garde Raphaël Arnault de s’être filmé, le visage en sang, après une agression de militants néonazis.

Il y a aussi les entraînements d’autodéfense qui sont mis en avant. Nous sommes prêts à nous défendre là-dessus. Pour nous, la pratique de l’autodéfense est nécessaire lorsqu’on voit à Saint-Brevin-les-Pins un maire dont la maison est incendiée par l’extrême droite. Si la question de l’autodéfense se pose, c’est parce que l’État fait preuve d’une complicité passive face à l’extrême droite.

Enfin, il nous est reproché des rixes et des faits de violence avec des militants d’extrême droite. Mais à chaque fois, il n’y a aucune condamnation en justice. Les arguments du ministère de l’intérieur sont basés sur les dires de l’extrême droite. Depuis plus d’un an, la Cocarde mène une campagne pour notre dissolution, sans fait juridique ni condamnation par la justice. (...)

La procédure de dissolution est basée sur des éléments publiés sur le canal Telegram « Antifasquad », où la Jeune Garde est régulièrement mise en avant comme ayant fait fuir, mis au sol ou envoyé aux urgences des militants d’extrême droite. Revendiquez-vous ces actions ?

Toute la communication de la Jeune Garde se fait sur nos canaux officiels. Les autres canaux de communication ne dépendent pas de la Jeune Garde, et il peut y être dit n’importe quoi à notre propos. Nos actions sont publiques et revendiquées. (...)

N’y a-t-il pas un canal officiel où l’on revendique l’autodéfense, un canal officieux où l’on met en avant une violence décrite comme légitime car l’extrême droite « doit être chassée par tous les moyens » ?

Pas du tout. Il n’y a qu’un seul canal de communication, ce sont les réseaux officiels de la Jeune Garde.

Quel est le risque si cette dissolution aboutit ?

Ils peuvent dissoudre une organisation antifasciste, ils ne dissoudront pas l’antifascisme. L’antifascisme, c’est quelque chose qui touche tout le monde, surtout avec le poids que l’extrême droite prend aujourd’hui.

C’est pour ça que nous ne sommes pas paniqués face à cette annonce. Nous allons nous battre pour que cette dissolution n’ait pas lieu. (...)

La Jeune Garde a un élu à l’Assemblée nationale. Cette dissolution s’inscrit dans la continuité de ce qui a été fait avec les Soulèvements de la Terre, Contre Attaque et la Gale. C’est la porte ouverte à tout.

C’est ça que l’on dénonce aujourd’hui. S’ils arrivent à dissoudre la Jeune Garde aujourd’hui, ils s’attaqueront demain à la CGT ou à La France insoumise, comme on a déjà vu des députés de droite le demander à l’Assemblée nationale récemment.

Quelle est la suite pour la Jeune Garde ?

Il faut aussi se mobiliser et construire une mobilisation unitaire. Quand on attaque une organisation antifasciste, on s’attaque à tout le mouvement social. (...)