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des zadistes aux zapatistes – climat et capitalisme, du point de vue des soulèvements
/Livia Garrigue Journaliste co-responsable du Club de Mediapart
Article mis en ligne le 11 juillet 2021

À l’échelle du Grand Paris ou d’un petit village de l’Aveyron, de l’île d’Oléron à la Guyane, les pieds dans la boue ou au tribunal… Alors que la terre brûle, le Club de Mediapart offre le spectacle d’une galaxie de luttes dont la créativité et la radicalité protègent, comme un dernier rempart, du désarroi total. D’un archipel émerge une conjugaison des forces pour « faire cesser le ravage » et introduire du dissensus dans l’ordre des choses — celui des dominants.

Vendredi 2 juillet, alors que nous parviendraient bientôt les images d’un village calciné au Canada, puis d’une inflammation de la mer elle-même (après l’explosion d’un pipeline au large du Mexique), Greta Thunberg s’adressait à la tartuferie des gouvernants. « Au fur et à mesure que vos actes se poursuivent, nous sommes de plus en plus nombreux·euses à voir clair derrière vos notes et vos jeux de rôle […] Le public s’est lassé. La comédie est terminée ».

Dans ce texte traduit par Olivier Marchand, contributeur du Club et militant à Youth for Climate, la dispute porte sur la définition même du réel. « Vous vous éloignez de plus en plus de nous et de la réalité », alerte-t-elle : le hiatus infranchissable, entre un monde qui brûle d’une part, et la facticité des discours d’autre part, entre la réalité et la pantalonnade, devient insupportable. « Ce que vous faites n’a rien à voir avec l’action climatique. Cela n’a jamais été le cas. Ce ne sont que des tactiques de communication déguisées en actions politiques ». L’activiste ne dénonce pas seulement leur indolence coupable et le double jeu des gouvernants : elle dissèque le grand bluff de leurs discours préfabriqués et la mythologie de la croissance verte. « La crise climatique est aujourd’hui, au mieux, traitée uniquement comme une opportunité pour les affaires pour créer de nouveaux emplois verts, de nouveaux marchés et technologies verts. »

La vigueur d’un tel discours protège, comme un dernier rempart, du désarroi total. Dans le Club, à l’image de ces mots offensifs, s’exprime à bas bruit et sur un mode apparemment éparpillé, le spectacle d’une telle combativité. Des zadistes aux zapatistes, en passant par la galaxie de combats localisés – contre la conquête du béton sur la biodiversité, contre un nouvel entrepôt Amazon, une autoroute ou un mégaprojet commercial – à l’échelle du Grand Paris ou d’un petit village de l’Aveyron, de l’île d’Oléron à la Guyane, les pieds dans la boue ou au tribunal… Derrière le fatras des stratégies apparemment inaccordables, la créativité des luttes qui se déploie sous nos yeux, ainsi qu’un frémissement de coordination entre des expériences apparemment éloignées, empêchent de sombrer tout à fait.

« Loin des ministères et des sièges épais du CAC40, hors du champ des micros d’une sphère médiatique en roue libre, il s’en passe des choses... pour peu que l’on s’y intéresse. » Le dernier appel à « agir contre la réintoxication du monde » publié dans le Club le 4 juillet invite à régler la focale sur l’archipel des luttes dédaigné par les médias dominants. « Partout, localement, des foyers de résistance se multiplient et émergent là où les industriels souhaitent étendre leur emprise ».

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