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Des zadistes accueillis dans leur jardin : comment une famille lutte contre l’A69
#A69 #resistances #ZAD
Article mis en ligne le 31 août 2024
dernière modification le 28 août 2024

En Haute-Garonne, une famille refuse de quitter sa maison située sur le tracé de l’autoroute A69. Elle a même accueilli des zadistes dans son jardin, ce qui retarde le chantier.

(...) « J’ai aménagé ici en 2013 et j’ai appris par hasard durant le printemps 2020 que l’autoroute allait passer sur notre terrain. J’étais enceinte à ce moment-là et c’était un vrai choc », rembobine Alexandra devant les quelques militants opposés à l’autoroute A69 qui se sont installés sur son terrain. Depuis fin mars, il est devenu une zad.

« Cela m’a fait un bien fou de les voir arriver. Je me demandais souvent ce que je ferais si les machines de NGE [le concessionnaire de l’A69] arrivaient sur le terrain alors que j’étais seule à la maison, surtout avec mon genou en vrac. J’avais vraiment peur », poursuit celle qui est en arrêt depuis plus d’un an après un accident du travail.

Des arbres fruitiers, des saules, des tilleuls, des herbes hautes… La parcelle de 8 000 m² qui borde la maison est laissée en friche depuis que la famille sait que cette terre sera tôt ou tard terrassée et goudronnée. « Autant laisser la nature vivre librement », glisse Alexandra (...) (...)

Un cadre idyllique alors qu’à quelques mètres de là, cachés par d’imposants arbres, les engins de NGE continuent leur travail. Un pont tout neuf sur lequel s’affairent des salariés est sorti de terre il y a quelques mois et fait désormais partie du paysage. Les champs autour ont été terrassés, laissant une terre nue et poussiéreuse. D’énormes machines bruyantes font des va-et-vient sur ces sols sans vie, parfois recouverts d’une couche de géotextile. Le chantier de l’autoroute A69 en impose lorsqu’on sort de ce village de Haute-Garonne par la route départementale 20 en direction de Castres.

Protégée par une barricade naturelle, la maison de 180 m² que louent Alexandra et sa famille est toujours debout. Une maison qu’ils louent et qu’ils peuvent occuper légalement jusqu’au 1er novembre 2025, comme le spécifie leur bail. Ce sont les derniers habitants sur le tracé de l’autoroute, et un caillou dans la chaussure pour le concessionnaire. (...)

en mars 2023, les travaux de l’autoroute débutaient. Le même mois, la maison et le terrain étaient vendus au concessionnaire. « Personne ne nous a mis au courant. Ni l’agence immobilière ni le propriétaire lui-même. » Un nouvel « intermédiaire » du groupe NGE-Atosca leur a alors rendu visite, et leur a proposé un relogement en HLM, en échange d’un départ rapide. « On vit dans une grande maison avec un jardin énorme. C’est cela que j’ai envie d’offrir à mon fils, pas un petit appartement où il ne pourra plus s’amuser dehors. On paye 800 euros de loyer par mois, et à ce prix-là, on ne trouvera rien d’aussi bien », raconte Alexandra. (...)

« Il y a eu plusieurs survols en hélicoptère, notamment une fois quand on faisait un barbecue dehors. Des demi-tours de voitures de police ou d’engins de chantier juste devant la maison aussi, et en novembre dernier, on a eu un mois entier sans internet puisqu’un câble avait été sectionné par erreur sur le chantier », détaille-t-il. « On a parfois l’impression qu’on est des terroristes, mais ce n’est pas nous qui saccageons la nature, on veut juste vivre tranquille. »
Des militants perchés dans les arbres (...)

« On ne savait pas du tout comment ils allaient réagir quand on est arrivés chez eux », explique Ed ], l’un des zadistes qui habitent le lieu. « Alexandra nous a dit que sa famille n’en pouvait plus de mener ce combat seule, ils voulaient se sentir acteurs et arrêter de subir. Tout est fait pour que les expropriés se sentent isolés et démunis face à la machine Atosca. »

Le lendemain, une voiture de police est entrée sur le terrain pour prendre des photos des zadistes présents sur place et questionner Alexandra. « J’ai dit que c’était des invités que j’accueillais chez moi, et c’est le cas », déclare-t-elle en pointant du doigt le portail de l’entrée qui reste fermé depuis cet épisode. (...)

Ses « invités » sont désormais ses colocataires. « On a réaménagé leur potager, on s’occupe du jardin, on construit des cabanes dans les arbres, tout se passe bien entre nous et je crois que les animaux n’ont jamais reçu autant de câlins », sourit Ed. (...)

Cette nouvelle zad a été baptisée « Le Verger », en référence aux nombreux arbres fruitiers présents sur le terrain et vient s’ajouter aux deux autres occupations déjà présentes dans le Tarn contre l’autoroute.

Dans le même temps, des négociations confidentielles se poursuivent entre la famille d’Alexandra et le groupe NGE-Atosca. (...)