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Des pistes pour anticiper un Internet « dégradé », avec une disponibilité limitée
#internet
Article mis en ligne le 18 novembre 2024
dernière modification le 13 novembre 2024

Partons de l’idée qu’Internet ne sera disponible qu’en mode dégradé à l’avenir, avec une disponibilité des ressources. Comment s’adapter et proposer un navigateur résilient ? Catherine Letondal présente des propositions « d’exploration » dans un monde où le tout illimité ne serait plus une réalité.

Il était une fois dans le futur…

Elle commence par poser les bases de sa réflexion, avec un avenir de sobriété forcée : « un jour, qui peut arriver d’ici quelques années, l’Internet sera peut-être un peu différent de ce qu’il est aujourd’hui, et possiblement assez dégradé ». Les raisons peuvent être variées, notamment sur les ressources.

« Il y aura peut-être moins d’énergie disponible et il faudra les partager avec d’autres secteurs, selon un budget », les équipements électroniques seront peut-être moins bien maintenus (ressources, réglementation…) et les infrastructures endommagées.

Dans ce dernier cas, les causes peuvent aussi être multiples : « augmentation de la fréquence et de la gravité des catastrophes environnementales comme les incendies de forêt, les inondations, les tempêtes, etc. ». On l’a vu récemment avec des glissements de terrain autour des câbles sous-marins en Afrique. (...)

Penser dès aujourd’hui le monde d’après

Ce projet, encore à son début, se prépare à un tel changement de paradigme. (...)

partir du postulat que les ressources seront limitées et comment s’adapter.

On « n’est pas dans une attitude morale ou rationnelle, on est dans une attitude d’adaptation et d’anticipation. Toutes les idées diminuent l’usage et induisent donc une sobriété, mais ça va juste un cran plus loin ». (...)

Pour Catherine Letondal, « il faut y penser dès maintenant » pour « avoir les outils au moment où ça pourra arriver ». Elle propose donc de penser la navigation sur Internet sous d’autres formes, avec un « navigateur adapté, plus résiliant, à une utilisation plus intermittente et aux ressources disponibles ». (...)

Des liens en vert, jaune ou rouge

Et plusieurs pistes sont explorées (sans qu’une ne soit arrêtée) : « comment aider l’utilisateur à ne pas cliquer sans réfléchir [une précaution qu’on peut appliquer aux pièces jointes dans les emails dès maitenant…, ndlr], comment aider l’utilisateur à mieux réutiliser ce qu’il a déjà utilisé (cache, historique), comment l’aider à une navigation peut-être plus asynchrone, par exemple en donnant la possibilité de préparer une lecture, comment les concepteurs de sites peuvent-ils configurer les documents dans un but de navigation résiliente ».

Des idées ce n’est pas ce qui manque déjà aujourd’hui. On pense, par exemple, au poids des images à la lecture des vidéos et à l’information du consommateur sur le bilan de sa navigation… même si la méthode fait largement débat. On peut, une fois encore, rappeler le poids important du spam dans les emails et des publicités sur certains sites web. Pour rappel, Next n’en a aucune pour l’ensemble de ses visiteurs. (...)

Catherine Letondal se fait l’écho de « nouvelles idées ». Elle commence par des liens colorés : « En fonction de leur impact écologique », certains pourraient être en vert, jaune ou rouge par exemple. Une petite icône en forme de feuille permettrait de « consulter/calculer l’impact du document ». Tout cela pourrait s’inscrire dans le cadre d’une limite d’empreinte pour l’utilisateur sur une période donnée. (...)

Plus drastique, elle se demande aussi si on ne pourrait pas « rendre plus difficile le fait de cliquer sur un lien en fonction qu’il renvoie vers un document plus ou moins gros ». (...)

Une salle d’attente

Elle met aussi en avant l’idée d’une salle d’attente sur le principe de dire : « je suis intéressé par cette ressource et je suis d’accord pour attendre ». On en revient d’une certaine manière presque aux heures creuses/pleines de l’électricité.

L’utilisateur pourrait définir un délai maximal d’attente et un autre « au bout duquel il considère qu’il n’aura plus besoin de la ressource, ce qui induit l’abandon de la recherche ». Cette démarche se place pour rappel dans le cadre d’un internet dégradé avec une disponibilité limitée. Le document n’est pas accessible immédiatement, l’utilisateur défini alors les conditions dans lesquelles il serait intéressé pour l’obtenir, sans certitude.

La professeure propose aussi de renforcer les fonctions de cache et d’historique, qui « ne sont pas super pratiques à utiliser ». Pour le cache, par exemple, cela pourrait passer par de l’incrémentiel des changements plutôt que récupérer l’intégralité d’une ressource. (...)

Un exemple de ressources limitées avec Solar Web

Lors de la conférence, le projet Solar web a été mis en avant. Il s’agit pour rappel d’un serveur alimenté par des panneaux photovoltaïques. S’il n’a pas de batterie, « le serveur est disponible …. quand il est disponible », de même pour les ressources qu’il abrite.

Lors des questions/réponses, Pierre Beyssac (cofondateurs de Gandi et porte-parole du Parti Pirate) précise que « la page de test du serveur indique qu’ils ont installés trois ou quatre serveurs autour de la Terre pour suivre le parcours du Soleil, donc du coup on se retrouve avec quatre serveurs pour faire le travail d’un seul… ».

Catherine Letondal rappelle, en réponse, qu’elle se projette dans un avenir où « il y aura moins de serveurs. On part de l’hypothèse qu’il y aura moins de machines, on anticipe le fait qu’il n’y en aura plus qu’un », avec une disponibilité limitée.

Stéphane Bortmeyer, qui participe aussi au projet, explique qu’on « sera dans un monde ou il n’y aura pas le choix, on sera en asynchrone. Donc il ne sera pas disponible tout le temps ». Il en profite pour citer une autre piste de réflexion : le protocole BitTorrent, qui permettrait de répartir « le contenu sur des machines existantes ». Cela permettrait de résoudre le problème de disponibilité à un seul serveur web : « On peut distribuer plus facilement et exploiter la machine qui a du soleil en ce moment » (...)