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l’Humanité
« Depuis 72 jours, pas un seul morceau de pain n’est entré » : à Gaza, « une famine délibérée et entièrement fabriquée » par Israël
#israel #palestine #Hamas #Cisjordanie #Gaza #famine #genocide
Article mis en ligne le 14 mai 2025

Les 2 millions de Palestiniens qui vivent dans l’enclave font face à un risque critique de famine. Avec le blocus total imposé par le gouvernement d’extrême droite de Benyamin Netanyahou depuis le 2 mars, la faim est utilisée comme une arme de guerre contre une population déjà exsangue, après dix-neuf mois de bombardements meurtriers.

Les clichés ont fait le tour du monde. Ils sont insupportables. Des corps faméliques, les yeux creusés par la faim et la soif, des enfants de 6 ans qui en paressent 2… Benyamin Netanyahou affame la bande de Gaza. Aux dix-neuf mois de bombardements, aux déplacements forcés, au ciblage systématique des écoles et des hôpitaux, le premier ministre israélien, en décrétant le 2 mars l’interruption totale des convois humanitaires (vivres, médicaments, abris et carburant), a mis les Gazaouis « face à un risque critique de famine ».

Le dernier bilan des experts en sécurité alimentaire d’une quinzaine d’agences des Nations unies, d’organisations internationales et d’associations est effectivement sans appel : sur les 2,1 millions d’habitants de Gaza, 1,5 million se trouvent aux derniers stades, 4 et 5, de l’échelle IPC (cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire). Si rien n’est fait en urgence pour rétablir l’aide humanitaire dans l’enclave palestinienne, 470 000 Gazaouis pourraient être considérés comme étant dans une situation de « catastrophe ».
La faim comme une arme de guerre

« L’utilisation de la famine est une stratégie assumée par le gouvernement israélien dans sa logique de génocide », affirmait ce mardi, lors d’une tournée en Europe, le Dr Mustafa Barghouti, président de l’association PMRS (Palestinian Medical Relief Society, voir encadré). Invité par le Secours populaire français (SPF) à Paris, ce dernier a rappelé que, « depuis soixante-douze jours, pas un seul morceau de pain, pas une seule goutte d’eau, pas un seul médicament n’a pu entrer à Gaza. Pour Netanyahou, la famine est une arme comme une autre. L’objectif reste d’organiser un nettoyage ethnique et de vider la population de l’enclave palestinienne ».

Depuis plusieurs semaines, l’ensemble des organisations humanitaires alerte sur l’urgence de mettre en œuvre un plan d’action immédiat, sans quoi la généralisation de la famine ferait exploser les cas mortels de malnutrition aiguë. C’est le sens du dernier rapport de Médecins du monde, publié mardi 13 mai, qui affirme que les niveaux de détresse alimentaire dans la bande de Gaza sont « comparables à ceux observés dans les pays confrontés à des crises humanitaires prolongées s’étalant sur plusieurs décennies », à l’instar du Yémen ou du Nigeria. (...)

Un constat partagé par Oxfam International (...)

La situation dans la bande de Gaza « doit réveiller notre conscience universelle », insiste Henriette Steinberg, la secrétaire générale du Secours populaire français, qui, une nouvelle fois ce mardi, a plaidé pour « la fin immédiate du conflit ». (...)

L’Europe complice des crimes israéliens

« Les Palestiniens ont-ils les mêmes droits humains que les autres peuples ? s’insurge Mustafa Barghouti devant la longue liste des crimes et atrocités subis par les Gazaouis et les habitants de Cisjordanie. Nous gardons espoir de briser ce blocus afin d’obtenir le passage de convois apportant de la nourriture, de l’eau et des médicaments. Mais les destructions systématiques des centres de soins, de réseaux d’eau et d’égouts, les cadavres et les restrictions provoquent l’apparition de maladies comme l’hépatite causée par la consommation d’eau contaminée. Ces conditions font également resurgir le risque d’épidémies : la polio, le tétanos, la diphtérie. Les soldats israéliens à Gaza ont été vaccinés, à la différence des enfants palestiniens. La volonté d’un génocide est claire. »

Malgré les réprobations, l’armée israélienne a bombardé, dans la nuit de lundi à mardi, l’hôpital Nasser à Khan Younès, tuant un journaliste et plusieurs patients. Benyamin Netanyahou ne recule pas. Au contraire, avec l’appui de sa coalition d’extrême droite, il promet que l’armée israélienne entrera « avec toute (sa) force pour achever l’opération et vaincre le Hamas ». « Il n’y aura aucune situation où nous arrêterons la guerre », a-t-il déclaré lors d’une rencontre avec des soldats réservistes. (...)

Tel-Aviv persiste dans son projet d’annexion de la bande de Gaza. « Nous avons mis en place une administration qui permettra (aux habitants de Gaza) de partir, mais le problème de notre côté se résume à une seule chose : nous avons besoin de pays prêts à les accueillir. Si nous leur offrons la possibilité de partir, plus de 50 % partiront, et je pense même bien davantage », ose même Benyamin Netanyahou.

Face à un gouvernement israélien sans limites, le président de Médecins du Monde, Jean-François Corty, enfonce le clou : « L’heure est à l’action. Plus de 2 millions de vies sont en jeu. L’inaction des États tiers qui ont les moyens de faire pression sur les autorités israéliennes pour qu’elles lèvent ce siège meurtrier est inacceptable et pourrait être assimilée à de la complicité au regard du droit international. » De son côté, l’Organisation de l’ONU pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) a réclamé l’accès humanitaire et la levée des blocus « face au risque imminent de famine, à l’effondrement quasi total de l’agriculture et à la possible apparition d’épidémies meurtrières ».

Destruction des infrastructures agricoles et des centrales électriques, frappes sur les convois humanitaires et les ambulances… Dans ce flot d’atrocités, Mustapha Barghouti a raconté le désarroi d’un père qui a vu son enfant perdre ses deux bras. (...)

« Où sont passées les grandes voix européennes qui nous parlaient systématiquement de droit international, de droit des peuples, de droit humanitaire ? »