
Plutôt que l’instrument d’une transition « verte », la future législation européenne sur les matières premières critiques est une offrande aux industries polluantes, dénonce Laura Verheecke de l’Observatoire des multinationales.
Titane, lithium : l’Europe ouvre « un open bar pour l’industrie minière »
https://reporterre.net/Titane-lithium-l-Europe-ouvre-un-open-bar-pour-l-industrie-miniere
Reporterre — En quoi consiste la législation européenne sur les matières premières critiques, actuellement discutée ?
Lora Verheecke — Cette loi est pensée par la Commission européenne pour permettre à l’Union européenne (UE) un approvisionnement plus conséquent et plus sûr en minerais indispensables pour la transition « verte ». Ces minerais serviront à fabriquer les capteurs, les moteurs ou encore les batteries des voitures électroniques, des rotors d’éoliennes, des panneaux photovoltaïques…
En pratique, le texte prévoit un soutien financier pour ouvrir des mines hors de l’UE, avec très peu de contraintes pour les entreprises en termes de respect de l’environnement et des populations locales. Il permet aussi d’ouvrir plus de mines en Europe à travers le principe d’« intérêt stratégique supérieur », c’est-à-dire en limitant les motifs d’objection juridique des populations, en reléguant les lois environnementales et démocratiques. Par conséquent, on consultera moins, plus vite et on pourra plus difficilement remettre en cause l’ouverture d’une mine. (...)
…/...Dans le rapport Du sang sur le Green Deal publié avec Corporate Europe Observatory, vous montrez comment cette loi, présentée comme favorable au climat, profite largement à l’industrie minière, pourtant « intrinsèquement sale ».
https://multinationales.org/IMG/pdf/crm_french_v2.pdf (...)
…/... « Ouvrons le débat sur la consommation de minerais »
Il est nécessaire d’avoir une discussion politique sur les conséquences environnementales de notre transition dite verte. Aujourd’hui, ces discussions sont trop absentes du débat public européen. La loi ne mentionne pas la question de notre boulimie de consommation, d’une limite à notre demande en matériaux rares. Sous couvert de Green Deal et de transition « verte », on met de côté les nouvelles pollutions, émissions et atteintes aux droits de l’homme à venir. (...)