
"Ça ressemble à une vieille guerre". C’est un rapport parlementaire qui va sans doute raviver la rivalité entre enseignement public et privé en France. Ce rapport, bipartisan, puisqu’il est porté par le député LFI Paul Vannier et Christopher Weissberg, issu de Renaissance, va être présenté ce mardi 2 avril à l’Assemblée nationale sur le financement public de l’enseignement privé sous-contra
Ils épinglent un manque de "visibilité budgétaire" côté dépenses de l’État, notamment en ce qui concerne les rémunérations des accompagnants d’élèves en situation de handicap, ainsi qu’une "absence de lisibilité comptable" côté collectivités territoriales.
La dépense publique consacrée aux établissements privés (dont 95% sont catholiques) est "en tout état de cause sous-estimée", ajoutent les parlementaires. À tel point que le modèle de financement, qui repose sur un ratio de 80-20 entre public et privé, est actuellement "plus favorable aux établissements privés", selon le rapport. (...)
Des contrôles "largement insuffisants"
Autre constat : "la fréquence et la profondeur des contrôles" sont "très largement insuffisantes". Des contrôles budgétaires sont insuffisants, selon le rapport qui évoque des contrats d’association avec l’État "tacitement reconduits d’année en année", sans vérification.
Le document pointe également des "angles morts" dans le contrôle pédagogique des établissements, notamment "la bonne application des dispositions relatives à l’instruction religieuse". (...)
"Les contreparties exigées des établissements privés sont loin d’être à la hauteur des financements, comme en témoigne la dégradation de la mixité sociale et scolaire", ajoutent les deux députés.
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Le privé dénonce une "vieille guerre" (...)
En France, le privé sous contrat scolarise plus de 2 millions d’élèves dans un peu plus de 7.500 établissements, financés à hauteur de 75% par des fonds publics.
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– (Le Café Pédagogique)
Le rapport Vannier – Weissberg soulève les tabous sur l’enseignement privé
“Il s’agit d’un domaine extrêmement sensible, qui met en tension l’ensemble des intérêts particuliers avec l’intérêt général”. Pas de doute, le rapport des députés Paul Vannier (LFI) et Christophe Weissberg (Renaissance) va remuer le gouvernement et la société française toute entière. Pour eux, la question du financement public de l’enseignement privé doit être posée. L’enseignement privé sous contrat est au moins à 75% financé par l’argent public. Mais son financement est opaque. Pire, l’Etat et les collectivités territoriales en négocient les montants avec des organismes qui ne sont pas ceux fixés par la loi mais relèvent de la seule Eglise catholique. Comme on ne sait même pas combien est donné, il est clair que les contrôles de l’utilisation de l’argent public sont quasi inexistants. C’est guère mieux pour le contrôle des politiques éducatives de l’Etat. Enfin l’enseignement privé sous contrat participe largement, comme l’établit le rapport, à la ségrégation sociale et scolaire qui détruit notre société. Ce rapport est très fouillé et très bien documenté. Il lance une onde de choc. Pourtant il n’apporte aucune révélation. Il officialise une situation que tout le monde a préféré, jusque là, ne pas voir. Les rapporteurs ont des recommandations fortes pour remédier à la situation. Ce rapport met, avec force, l’Etat et la société française au pied du mur. Va-t-on perpétuer une situation aussi extravagante par rapport à l’état de droit et à la laïcité ? Va-t-on prendre le risque de la guerre scolaire ? Plus personne ne pourra dire qu’il ne savait pas… (...)