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Contre-tribune : la réponse de 600 artistes à Depardieu et ses 56
#Depardieu #viols #agressionssexuelles #Macron #extremedroite
Article mis en ligne le 30 décembre 2023

Après le Président de la République, venu au secours de Depardieu, c’est donc au tour du « monde de la culture », enfin d’une petite partie (d’un vieux monde qui s’écroule), de s’exprimer : 55 personnalités qui prétendent laisser la justice faire son travail et s’opposent au « lynchage » du monstre sacré du cinéma français. Lorsqu’on s’en prend à Depardieu, ce serait à l’art que l’on s’en prendrait ! Comme si Depardieu représentait l’art en France. Comme si le statut d’artiste ou le talent justifiait un traitement singulier.

Nous souhaitons avec cette contre-tribune manifester notre désaccord avec cette idée.

En plus des propos abjects découverts dans Complément d’Enquête, qui sexualisent en permanence les femmes, y compris une petite fille de 12 ans, rappelons que Depardieu est visé – à ce jour – par 3 plaintes pour viols et agressions sexuelles. Mediapart a également publié 13 témoignages de femmes accusant Depardieu de violences sexuelles.

Cette tribune et la défense de Macron sont autant de crachats à la figure des victimes de Gérard Depardieu mais aussi de toutes les victimes de violences sexistes et sexuelles. C’est l’illustration sinistre et parfaite du monde d’avant qui refuse que les choses changent.

C’est l’inversion des rôles où le bourreau (le « monstre », l’homme, pas du tout sacré, mais juste obscène) se place en victime, avec l’aide de ses ami.e.s. Comme toujours dans les affaires de violences sexistes et sexuelles à l’égard des femmes, la « présomption d’innocence » pour l’agresseur sonne comme une « présomption de mensonge » pour les femmes qui témoignent contre lui. (...)

L’histoire nous montre à quel point il est difficile pour une victime d’agression sexuelle de parler, d’obtenir gain de cause, de voir les violences qui lui ont été infligées être reconnues officiellement. Et cela est d’autant plus le cas lorsque celui-ci est puissant. Pour un Harvey Weinstein, combien d’agresseurs impunis malgré les accusations des victimes ? (...)

Comme l’écrit Elvire Duvelle-Charles dans l’ouvrage « Moi aussi », l’idée que certaines femmes puissent porter préjudice à l’image d’un honnête homme suscite plus de réactions et d’effroi que l’idée que les femmes violées n’obtiennent pas justice, exception faite du 0,6% des viols qui sont condamnés.

Surtout, se réfugier derrière le « laissons faire la justice », ou le pathétique « il faut séparer l’homme de l’œuvre », c’est accepter de mettre son propre jugement de côté. (...)

Que la justice fasse son travail. Mais nous devons également faire le nôtre. Celui de soutenir les victimes et de ne pas laisser tranquilles des agresseurs, des violeurs, des oppresseurs. Qu’ils ne puissent plus penser qu’ils peuvent agir en toute impunité, et parfois même en étant récompensés et glorifiés.

Si la remise en cause de l’impunité de Depardieu était une « chasse à l’homme », alors comment qualifier les agressions bien réelles que subissent les femmes victimes de violences masculines chaque jour ?

Nous sommes là pour rappeler que l’art n’a pas à être fait par des idoles hors de la réalité, l’art n’est pas du côté des caprices de star. L’art refuse de se soumettre à leur système. La production de l’art n’est pas une abstraction située en dehors des dynamiques sociales.

Alors oui, nous allons nous retrouver, nous regrouper, et nous soutenir.

Et si cela dérange Depardieu, Macron et 56 « célébrités » de la culture, tant mieux. (...)