
ICAN France, relais national de la Campagne internationale pour abolir les armes nucléaires, lauréate du prix Nobel de la paix en 2017 et l’association Initiatives pour le Désarmement nucléaire (IDN), fondée en 2014 par Paul Quilès, ancien ministre de la Défense, publient un argumentaire intitulé « Vingt mensonges sur les armes nucléaires ».
Cet argumentaire apporte des clés de compréhension aux associations et personnes luttant pour un monde libéré des armes nucléaires, et vient encourager la réflexion sur la remise en cause de la dissuasion nucléaire.
En effet, les récents conflits et crises internationales montrent clairement que les armes nucléaires ne garantissent pas la paix, mais permettent la guerre conventionnelle (Russie – Ukraine), exacerbent les tensions (Iran – Israël, course aux arsenaux des puissances nucléaires dont la France) et rendent plus fragile l’équilibre stratégique mondial (Chine, Corée du Nord, États-Unis).
Les experts des deux organisations ont mené une analyse approfondie pour déconstruire les mensonges couramment véhiculés autour de la sécurité prétendue qu’offrent les armes nucléaires. Ils démontent dans cette publication les idées reçues qui perdurent dans le discours public et stratégique, en soulignant les risques humanitaires, environnementaux et politiques liés à l’arme nucléaire. De même, ils expliquent pourquoi la diplomatie française se trompe – parfois volontairement – dans ses critiques sur le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires (TIAN) qui permet d’engager un désarmement nucléaire progressif et multilatéral.
Citations :
- « Une paix à l’ombre de la guerre nucléaire ne peut être vue comme condition de la sécurité totale. » Jean-Marie Collin, directeur d’ICAN France
- « Invoquer une équivalence entre le statut de membre permanent et celui de puissance nucléaire constituerait une incitation à la prolifération. » Bernard Norlain, président d’IDN
- « Introduire l’hypothèse du ‘dernier avertissement’ dans la stratégie française aboutit à reconnaître que la dissuasion nucléaire est susceptible d’échouer, ce qui semble contradictoire avec l’affirmation selon laquelle elle est préventive et constitue la ‘clé de voûte’ de la sécurité du pays. » Marc Finaud, vice-président d’IDN
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– Nouvelle erreur diplomatique de la France
Ce vendredi 1er novembre, en première commission des Nations unies sur la paix et la sécurité, la diplomatie française a honteusement poussé le bouton rouge - avec son ennemi la Russie et le Royaume Uni - pour voter contre la résolution « impact d’une guerre nucléaire et recherche scientifique ».
Cette résolution - approuvée à une écrasante majorité de 144 voix - doit examiner les effets physiques et les conséquences sociétales d’une guerre nucléaire à l’échelle locale, régionale et planétaire, notamment les effets climatiques, environnementaux et radiologiques, ainsi que les incidences sur la santé publique, les systèmes socio-économiques mondiaux, l’agriculture et les écosystèmes.
L’ambassadrice française C. Petit a expliqué qu’il n’y a « pas de valeur ajoutée à créer un "nouveau" panel d’experts pour étudier les conséquences d’une guerre nucléaire. Les conséquences dévastatrices d’une guerre nucléaire sont déjà connues ». C’est comme si nous demandions aux experts du climat d’arrêter toutes leurs études sur les conséquences du dérèglement climatique car nous les connaissons !
Toutes les autres puissances nucléaires se sont abstenues. La Chine décidant elle de voter "oui", avec des États de différentes alliances nucléaires (dont Allemagne, Australie, Canada, Grèce, Japon, Norvège).
À une époque où le risque de conflit nucléaire est élevé, il est incompréhensible que notre diplomatie vote contre une étude scientifique, par ailleurs soutenue par l’Académie des sciences, dont le seul but est de renforcer notre connaissance et donc le tabou de l’emploi d’armes nucléaires.
Nous souhaitons remercier les plus de 40 000 personnes qui ont participé - alors que nous redoutions ce vote irresponsable - à notre action de plaidoyer et d’information (sur X/tweeter, Instagram et Facebook) concernant cette résolution.
Courant décembre, cette résolution sera soumise au vote en Assemblée générale des Nations unies, nul doute qu’elle sera adoptée. Nous demandons une fois encore à la France de ne pas répéter son vote négatif !
ICAN France