
Courriers, relances, procédures devant des commissions indépendantes ou le tribunal administratif… L’accès aux documents et aux chiffres de l’Éducation nationale se heurte souvent à un silence obstiné.
« La grande muette ». Comparer l’Éducation nationale avec l’armée, cette mythique et mutique institution de défense nationale ? La comparaison arrache à peine une grimace aux obstiné·es qui se heurtent avec fracas à l’administration afin d’exercer leur droit d’accès aux documents publics que garantit la loi depuis 1978.
« Le surnom donné à la direction des services académiques à Caen, c’est “la RDA” [en référence à la République démocratique allemande – ndlr], ça en dit long sur l’état de nos relations, ironise Patricia, membre des instances santé et sécurité au travail au nom du syndicat Sud Éducation dans le Calvados. Nous devons avoir accès aux documents discutés avant les réunions, ce n’est jamais le cas. Nous avons réclamé, comme la loi nous y autorise, des diagnostics amiante des établissements ou le document officiel d’évaluation des risques : zéro réponse. Même silence sur les délibérations concernant les mutations de nos collègues. C’est tout bonnement insupportable. »
Comme dans ce département, des syndicalistes exerçant depuis plusieurs académies ont entrepris un travail de fourmi afin de collecter les documents administratifs qui devraient leur être normalement communiqués au fil de l’eau, mais aussi les chiffres nécessaires à la compréhension des équilibres et choix budgétaires en éducation. Des procédures qui peuvent prendre des années, parfois sans succès.
Une anomalie démocratique qui interroge, surtout au regard de l’imposant service statistique dont dispose le ministère, la précieuse Direction de l’évaluation, de la prospective et de la performance (DEPP), qui collecte et analyse de la donnée depuis 1964, et dont l’une des missions, au même titre que l’Insee, est de contribuer à « un débat public de qualité en éducation ». (...)
l’académie de Versailles a dû se plier à l’avis de la Cada, deux mois après qu’un ultime recours a été déposé auprès du juge administratif, concernant le suivi des élèves allophones et les conditions de leur recensement dans les établissements. Là encore, le sujet est hautement inflammable. (...)
Un travail colossal, parfois en vain (...)