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Comment des paysans ravitaillent les grévistes de Michelin
#Michelin #agriculture
Article mis en ligne le 11 décembre 2024
dernière modification le 9 décembre 2024

Ouvriers et paysans sont réunis à Cholet, dans le Maine-et-Loire, pour lutter contre la fermeture de l’usine Michelin. Un piquet de grève alimenté par une cantine militante et solidaire.

« On est des cantiniers et des cantinières de différents endroits et on a décidé d’unir nos forces pour préparer à manger », résume Alice , 27 ans, membre du Ravitaillement alimentaire autonome, réseaux d’entraide (Raare), une association créée en 2019 dans la région d’Angers. À ses côtés, on retrouve Le Plat de résistance, une cantine militante des Deux-Sèvres et une toute nouvelle cantine choletaise.

Depuis début novembre, ces militants — plus habitués aux luttes écologistes qu’aux plans sociaux — préparent des repas chauds, gratuits et le plus souvent végétariens. « C’est la première fois de ma vie que je vais sur un piquet de grève », reconnaît Alice. (...)

C’est le 5 novembre que la décision est tombée : ce jour-là, le géant français du pneu a décidé de fermer ses usines de Cholet et Vannes (Morbihan), laissant respectivement 955 et 299 salariés sur le carreau. Dans la foulée, la grève a été votée dans l’usine choletaise qui fabrique des pneus de SUV et de camionnettes. L’endroit a été bloqué et un feu de pneu crachant une fumée noire allumé. Depuis le 29 novembre, le blocage a été levé, mais le piquet de grève perdure. Et il faut bien le nourrir.

« Au lieu d’être 30, on est 150 ! »

Ce jour-là, une assemblée générale du comité de lutte réunit une centaine de personnes et se termine par un applaudissement envers ceux « qui [leur] ont préparé à manger ce midi ». (...)

Quelques instants plus tôt, une voiture débarquait, chargée de légumes donnés par la Confédération paysanne. Le même jour, un marché gratuit a été organisé par le Réseau de ravitaillement des luttes du Pays rennais (R2R), avec l’aide des Greniers des Soulèvements de la Terre. Arnaud, un confectionneur de 54 ans attablé devant son assiette, confirme : « Quand il y a de la bouffe, au lieu d’être 30, on est 150 ! »

« Des adversaires communs »

« La bouffe, c’est un prétexte », rappelle Charlotte, membre du R2R. Car l’enjeu est aussi stratégique. Dans une lettre ouverte, la Confédération paysanne évoque « des adversaires communs » aux ouvriers et paysans et pointe du doigt « le libre-échange et la concurrence internationalisée ». Ces tentatives de jonctions n’ont rien de neuf. En 1973, le syndicaliste Bernard Lambert appelait déjà au « mariage » des ouvriers de l’usine Lip de Besançon et des paysans du Larzac. En 2024, la convergence des luttes passera-t-elle par l’assiette ? (...)