
Ce lundi 24 février commence la 62e réunion du Groupe intergouvernemental d’experts sur le changement climatique (Giec). Lors de cette réunion, les quelque 190 États membres de l’ONU climat doivent mandater les chercheurs du Giec pour faire le point sur l’état des lieux des connaissances sur le réchauffement planétaire. Un rapport qui demandera plusieurs années de travail et qui doit servir à établir un bilan de l’action climatique dans le monde. Mais d’ores et déjà, plusieurs États cherchent à retarder la sortie de ce document crucial pour aiguiller les politiques des pays. Une manière d’éviter d’agir et de rendre des comptes.
Les chercheurs du Giec ont des milliers d’articles scientifiques à compiler pour éclairer les décideurs du monde entier sur les dernières connaissances sur le changement climatique et les moyens d’y faire face. Pourtant, les pays n’arrivent pas à s’accorder sur sa date de publication, explique la chercheuse sénégalaise Aïda Diongue Niang, l’une des vice-présidentes du Giec. « Il y a certains pays qui ne veulent pas que ces dernières informations là soit dans les débats au niveau des COP », déclare-t-elle.
Elle l’assure. Les scientifiques sont prêts à faire le travail nécessaire. « La politique s’est bien immiscée dans les débats », constate-t-elle. « Déjà, même avant que les rapports sortent, il y a des tractations pour faire en sorte que les rapports soient retardés. Donc ça, c’est inouï et c’est dommage qu’il y ait une obstruction en fait pour la science. »
Stephan Singer, scientifique et militant auprès du CAN, le réseau mondial d’ONG de lutte contre le changement climatique, précise : « Certains pays essaient de faire reculer la science, l’Arabie saoudite et la Russie en particulier » (...)
« D’autres économies émergentes, comme l’Inde, la Chine, la Malaisie, le Brésil, l’Afrique du Sud, sont préoccupées par le fait qu’il y a une pression pour que les choses soient faites à la hâte. Mais nous considérons aussi que les préoccupations de tous les pays ne sont pas toutes sérieuses ou honnêtes. »
L’Arabie saoudite et l’Inde sont pointés du doigt en particulier. (...)
« Mes collègues occidentaux ont un meilleur accès aux connaissances et aux revues scientifiques, sachant que toute la littérature scientifique est en anglais, ce qui est très souvent un obstacle dans les pays du Sud où les gens ne parlent pas forcément l’anglais », souligne Stephan Singer. « Ils ont aussi moins de moyens pour leurs recherches et donc pour accéder aux grandes revues. » (...)