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Libération
Clément Sénéchal : « L’écologie bourgeoise fait basculer des parties entières des classes populaires vers l’extrême droite »
#ecologie #inegalites #bourgeoisie #extremedroite
Article mis en ligne le 23 octobre 2024
dernière modification le 20 octobre 2024

Auteur d’un essai fustigeant notamment l’écologie du spectacle, le spécialiste des questions climatiques Clément Sénéchal revient sur l’urgence de retravailler la question écologique à partir des inégalités réelles.

Responsable pendant plusieurs années du plaidoyer chez GreenPeace France, Clément Sénéchal, expert des enjeux climatiques, milite pour une écologie révolutionnaire qui tranche radicalement avec celle « du spectacle » dans laquelle s’embourbent les ONG depuis des années. Auteur de l’essai Pourquoi l’écologie perd toujours, il décrypte les causes politiques qui conduisent systématiquement l’écologie dominante à l’échec. Présent au Climat Libé Tour à Marseille pour débattre de la question « La justice peut-elle sauver la nature ? », il revient sur la nécessité d’une écologie populaire, les inégalités subies par les populations vulnérables face à la catastrophe climatique et la passivité complaisante des « professionnels de l’écologie ».

L’écologie est-elle réservée aux classes privilégiées ? (...)

il faut avoir du temps, des ressources économiques pour changer son mode de vie. Il faut aussi avoir des ressources culturelles pour accepter ces injonctions morales et surplombantes. La sobriété chez les classes populaires, elle n’est pas choisie, elle est subie, ça s’appelle la pauvreté. (...)

L’écologie du spectacle, c’est cette écologie symbolique où l’on va faire des mises en scène, de la désobéissance civile non-confrontative, où l’on va mettre des banderoles par-ci et par-là. Ce qui compte à la fin, c’est l’image. Ça va être aussi le fait d’aller servir de caution à ses adversaires en occupant et acceptant des fonctions purement ornementales dans un gouvernement hostile. C’est l’art du plaidoyer, où l’on va rencontrer des ministères qui n’en ont strictement rien à faire. C’est l’art de faire semblant, de sauver les apparences parce qu’on n’est pas capables de sauver le monde. (...)

Le capitalisme génère des logiques de concentration des pouvoirs entre les mains d’une classe sociale qui n’a pas intérêt à la transformation écologique de la société. (...)

Mais il y a aussi ceux qui desservent la cause, tous ces professionnels de l’écologie, membres des ONG, qui refusent de se salir les mains. Ils restent dans le périmètre du spectacle et s’arrêtent toujours avant de devenir utiles, parce qu’aujourd’hui ils ont trop à perdre pour gagner réellement leurs batailles. (...)

L’injustice sociale et climatique détermine la réalité écologique du monde.

Quelles pistes pour sortir de ces impasses ? (...)

L’écologie doit devenir antifasciste, parce que l’un des principaux freins à la transformation sociale, c’est la fragmentation des classes populaires par le racisme. Or il y a toute une écologie bourgeoise qui fait basculer des parties entières des classes populaires vers l’extrême droite, parce qu’elles se sentent victimes d’une forme de violence symbolique de l’écologie officielle. Il faut ensuite consolider les alliances de classe possibles pour massifier le mouvement de contestation contre l’ordre établi.