
Les enquêtes de deux syndicats viennent confirmer l’échec de la principale mesure du « choc des savoirs ». Le refus du tri social par les enseignants et les parents, mais aussi le manque de moyens en sont les causes.
(...) Pour le Snes-FSU, principal syndicat du secondaire, opposé à la réforme depuis le départ, 64,5 % des collèges n’ont pas mis en place des groupes de niveau tels que prévu, donc 35,5 % l’ont fait. Pour le SNPDEN-Unsa, syndicat des personnels de direction, 60 % des collèges ont opté pour des groupes hétérogènes, 21,4 % pour des groupes de niveau homogènes, et 18,5 % pour un mélange des deux.
Les (légères) différences entre ces chiffres s’expliquent avant tout par la variété des situations qui complique parfois la visibilité. Des établissements ont mis en place des groupes en français mais pas en mathématiques, ou l’inverse ; d’autres ont fait des groupes en 6e, mais pas en 5e…
Des groupes qui désorganisent le collège
Des différences géographiques existent également, comme en Seine-Saint-Denis où, après le très fort mouvement de grève de l’an dernier, l’intersyndicale CGT-CNT-FSU-SUD a relevé que moins d’un collège sur dix (8 %) a mis en place des groupes de niveau au sens strict.
Quoi qu’il en soit, l’opposition très majoritaire de la profession au « tri des élèves » s’est bel et bien traduite dans les faits. (...)
: dans de très nombreux conseils d’administration de collège, professeurs et parents d’élèves (la FCPE, première fédération de parents, demandait l’abandon de la réforme) se sont fermement opposés aux groupes de niveau… et les chefs d’établissement n’ont eu d’autre choix que d’en tenir compte.
Ils l’ont fait d’autant plus aisément que la mise en place des groupes, homogènes ou hétérogènes, a été coûteuse en moyens : selon l’enquête du SNPDEN, près de la moitié (46 %) des collèges ont manqué d’heures financées pour appliquer la réforme.
Conséquence, plus des deux tiers (68 %) ont dû tailler dans l’existant, au détriment des dédoublements (en sciences ou en langues) pour 47 % d’entre eux, voire (6 %) en supprimant des dispositifs pédagogiques ou des options – le latin, par exemple, en a fait les frais. Dernière conséquence : la dégradation des emplois du temps, pour les enseignants comme pour les élèves. L’extension des groupes aux classes de 4e et 3e, prévue dès la rentrée 2025, risque de ne pas aller de soi…