
Qu’elles fournissent un habitat pour les animaux ou contribuent à la génération d’un sol fertile, les feuilles d’arbres mortes peuvent avoir d’étonnants bienfaits pour l’environnement.
Quand des feuilles d’automne colorées s’accumuleront dans votre jardin cet automne, il pourrait être judicieux de les laisser là, tout simplement.
Cette litière de feuilles, souvent considérée comme une verrue sur la face de votre jardin, est un étonnant microcosme de biodiversité. Elle sert de couverture à l’habitat le plus riche en espèces : le sol, qui abrite plus de la moitié de la vie sur Terre. Sous les tas de feuilles, de brindilles et d’écorce, une multitude de petites bêtes s’épanouissent, des petits reptiles tels que les salamandres et les grenouilles mais aussi des invertébrés comme les escargots, les vers de terre et les araignées.
Quand des invertébrés consomment la matière des feuilles, ils la décomposent en morceaux plus petits. Ensuite, agissant en tandem, des bactéries et des champignons désagrègent ces morceaux et les convertissent en nutriments précieux dont les arbres et d’autres plantes se nourrissent (azote, calcium et soufre notamment).
Ces processus naturels participent à la reconstitution du sol et contribuent au cycle de la vie, car la matière végétale morte se transforme en nourriture pour les plantes vivantes. Bien que la litière formée par les feuilles puisse avoir l’air trompeusement stagnante, un monde microscopique fourmille sous le feuillage. (...)
Pour Sue Barton, scientifique spécialiste des plantes et du sol à l’Université du Delaware, il faut envisager ce sol comme un écosystème complet.
« Le système du sol contient la composante minérale, c’est-à-dire le sable, le limon et l’argile. Il contient également des espaces remplis d’air ou d’eau, puis il contient de la matière organique, explique-t-elle. Puis un composant vivant, comme les vers de terre et les champignons et les bactéries. Il est bon de considérer le sol comme un système complexe plutôt que comme une entité unique. »
La décomposition de la litière végétale contribue non seulement à la libération de nutriments dans le sol, mais elle peut également permettre d’y piéger du dioxyde de carbone. Les forêts séquestrent ce gaz à effet de serre en le capturant dans l’atmosphère. Grâce à la photosynthèse, le carbone se transforme en biomasse, qui finit par mourir et par devenir de la litière végétale ou du bois mort. (...)
« La plupart des papillons et des phalènes hivernent dans ce paysage soit sous la forme d’œufs, de chenilles, de chrysalides ou bien sous leur forme adulte, explique Sue Barton. Les papillons lunes, les baltimores et les isies isabelles se blottissent dans un tas de feuilles pour se protéger du froid et des prédateurs. Calycopis cecrops pond ses œufs sur des feuilles de chêne tombées. Les papillons swallowtail déguisent leurs cocons et leurs chrysalides en feuilles mortes et se fondent ainsi parmi les vraies feuilles. »
QUE FAIRE DE LA LITIÈRE DE FEUILLES
Il existe plusieurs options pour sauvegarder votre litière de feuilles.
Sue Barton suggère d’enlever les feuilles de votre pelouse à l’aide d’un râteau et de les mettre sur vos plates-bandes, car en couvrant l’herbe, la litière empêche la lumière de passer et donc la photosynthèse de la pelouse. Pour éviter que des feuilles couvrent entièrement votre pelouse, vous pouvez utiliser une tondeuse équipée d’une fonction « mulching » pour déchiqueter les feuilles en petits morceaux. (...)
Une deuxième option consiste à composter les feuilles. Vous pouvez composter votre tas de feuilles et le remettre sur votre pelouse ou bien autour de vos plantes. Le but est de recycler la litière ; la mettre sur des plates-bandes ou en faire du compost permettra d’atteindre cet objectif. (...)