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Orient XXI/
Ce que la Palestine fait au monde
#israel #palestine #Hamas #Cisjordanie #Gaza
Article mis en ligne le 7 mai 2024
dernière modification le 5 mai 2024

L’offensive israélienne contre Gaza depuis le 7 octobre montre plus que jamais l’impunité totale d’Israël et un soutien inconditionnel apporté à Tel-Aviv par la majorité des pouvoirs occidentaux. En France, cette guerre a également joué un rôle d’accélérateur dans la rhétorique d’une confrontation civilisationnelle avec les « barbares ». Un narratif auquel Alain Gresh répond dans son dernier livre Palestine. Un peuple qui ne veut pas mourir qui sort en ce jeudi 2 mai.

La peur devient un danger pour ceux qui l’éprouvent, c’est pourquoi il ne faut pas la laisser jouer le rôle de passion dominante. Elle est même la principale justification des comportements souvent qualifiés d’« inhumains ». (…) La peur des barbares est ce qui risque de nous rendre barbares. Et le mal que nous ferons dépassera celui que nous redoutions au départ

Cette guerre nous a confirmé que le monde ne nous considère pas comme égaux. Peut-être est-ce en raison de la couleur de notre peau. Peut-être est-ce parce que nous sommes du mauvais côté de l’équation politique. Même notre filiation dans le Christ ne nous a pas protégés. Ils ont donc dit : s’il faut tuer cent Palestiniens pour venir à bout d’un seul « militant du Hamas », ainsi soit-il. L’hypocrisie et le racisme du monde occidental sont transparents et épouvantables. Ils envisagent toujours le mot de « Palestiniens » avec suspicion et réserve

Cette homélie enflammée et résignée, prononcée par le révérend Munther Isaac, pasteur de l’Église luthérienne de Bethléem, à l’occasion des fêtes de Noël 2023, s’adresse à ceux « qui les célèbrent tout en nous envoyant leurs bombes ». Elle sonne comme une malédiction. Trois mois plus tard, les États-Unis, qui prodiguent sans compter bombes et munitions pour pulvériser Gaza, ont décidé de parachuter des vivres aux victimes de ces mêmes bombes et de ces mêmes munitions. En même temps, pour reprendre un mantra du président Emmanuel Macron. Une caricature montrant des fusées et des baguettes de pain s’abattant sur l’enclave illustrait la tartuferie occidentale.

Gaza a exposé le double visage de l’Occident, une face pour la paix, les droits humains et l’universalisme, une autre pour les massacres, le génocide, et le racisme. (...)

L’agonie d’une certaine idée de l’Europe et de l’Occident (...)

Au-delà des souffrances humaines – elles sont incommensurables depuis le 7 octobre –, au-delà des destructions, Gaza a pris l’allure d’un paysage lunaire. Au-delà des combats qui s’étendent du Liban à la mer Rouge, c’est une certaine idée de l’Europe et de l’Occident qui agonise. Déjà, la guerre d’Ukraine avait illustré le fossé entre le Nord et le reste du monde qui ne croyait pas à un engagement aux côtés de Kiev mené au nom du « droit international » par ceux qui le violaient quand cela les arrangeait. Gaza marque une étape sinistre de cette longue descente aux enfers où seule compte la raison du plus fort. (...)

Il est regrettable qu’aujourd’hui, par ses déclarations et par ses silences, par ses actions et par sa passivité, la France se fasse complice d’un génocide qui se déploie en direct sous nos yeux.