Bandeau
mcInform@ctions
Travail de fourmi, effet papillon...
Descriptif du site
Basta !
« C’est pourri, mais je n’ai pas le choix » : à Grigny, le paradis des marchands de sommeil, l’enfer pour les locataires
#logement
Article mis en ligne le 2 octobre 2023
dernière modification le 1er octobre 2023

L’un des plus gros marchands de sommeil de Grigny est jugé en appel. Le procès emblématique d’un propriétaire sans scrupule et de l’exploitation de la misère humaine. Celle-ci prospère grâce à un marché de l’immobilier de plus en plus inaccessible.

« Il m’avait promis une salle de bains pour moi et mes enfants, mais en fait je devais la partager avec les autres personnes qui vivaient dans l’appartement. Pareil pour la cuisine. L’air passait par les fenêtres, je devais mettre du scotch. C’était très dur pour ma fille de 16 ans, qui est asthmatique. » À la barre de la Cour d’appel de Paris, Ramata Sagara* répond d’une voix timide aux questions de la présidente.

Aux côtés de quatre anciens habitants de Grigny 2, dans l’Essonne, elle est venue témoigner au procès en appel de son marchand de sommeil. L’homme, d’une cinquantaine d’années, possède 40 appartements dans l’une des plus grandes copropriétés d’Europe – 14 000 habitants – à une trentaine de kilomètres de Paris. La copropriété est en déliquescence depuis les années 1980.
450 euros pour chaque chambre de 9m2 (...)

Chaque mois, Dominique F. faisait le tour de ses quatre F5 pour récupérer ses loyers en petites coupures, qu’il rangeait dans son sac banane. 2000 euros par mois et par appartement. Avec ses quarante « appartements », l’homme gagnait en moyenne 600 000 euros par an, en plus de son salaire d’ingénieur et de celui de sa femme.

Dans les allées de Grigny 2, le numéro de Dominique F. circulait. Ses « studios » à louer semblent être une aubaine pour des personnes qui ne parviennent pas à obtenir de logement social et ne disposent pas de revenus suffisants pour louer un deux-pièces. Le propriétaire faisait signer des contrats de colocation à ses locataires, des baux fort procéduriers d’une centaine de pages où tout semblait en règle. (...)