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Mediapart
Borne détricote doucement mais sûrement le plan Attal pour l’école
#educationNationale #ElisabethBorne
Article mis en ligne le 20 janvier 2025
dernière modification le 18 janvier 2025

Devant les parlementaires mardi, les syndicats et des élèves d’un lycée parisien vendredi, la ministre de l’éducation nationale savoure sa victoire sur les postes maintenus. Elle attaque aussi, sans le dire, certaines des marottes de celui qui l’avait remplacée à Matignon, Gabriel Attal.

Avant cette promotion express, le jeune macroniste avait souhaité marquer l’institution de son passage, en lançant avec force communication et à toute vitesse son « choc des savoirs ». Un projet assumé avec plus ou moins de vigueur par ses successeuses Nicole Belloubet et surtout Anne Genetet. (...)

Le plus spectaculaire est sans doute la volte-face sur le brevet : il ne sera finalement pas obligatoire pour passer en seconde, malgré des tentatives depuis deux ans pour mettre en œuvre cette mesure, régulièrement contrariées par les aléas politiques. « Ce n’est pas une révolution, c’est un retour à la normale », a d’ailleurs souligné Élisabeth Borne, depuis le lycée Hector-Guimard.

Le ministère, à l’occasion d’un briefing à la presse vendredi matin, s’était montré tout aussi clair : « Le brevet n’a jamais été une condition de passage en seconde, de toute son histoire. » Même si l’examen pourrait devenir plus « exigeant » – avec la pondération notamment du contrôle continu et la fin des correctifs de notes par académie –, on assiste donc bien à l’enterrement définitif du « brevet couperet » conditionnant la poursuite au lycée, une mesure dénoncée comme aggravant la sélection scolaire précoce.
De la souplesse et encore de la souplesse

Le sort réservé aux groupes de besoins (un temps appelés groupes de niveau) n’est pas moins précaire. Ces groupes dédiés à l’apprentissage des maths et du français seront bien maintenus en 6e et 5e à la rentrée 2025, en l’attente d’une évaluation de l’inspection générale sur le sujet, prévue pour le mois de juin. Mais de « modalités locales variables » à la promesse répétée de « souplesse », le projet initial – des classes divisées en sous-groupes pour le tiers de leur emploi du temps, des élèves rassemblés en fonction de leur niveau dans ces deux matières, de la 6e à la 3e – se rabougrit toujours un peu plus.

Ainsi, en classes de 4e et de 3e, sont envisagés de simples « groupes d’approfondissement » pour l’année scolaire à venir et, « la ministre y tient » souligne son entourage, « l’initiative des mesures mises en œuvre doit relever des établissements, en coordination avec les corps d’inspection et les priorités éducatives locales ».

Les classes « prépa seconde », expérimentées cette année sous l’impulsion, là aussi, de Gabriel Attal, sont reconduites pour une nouvelle année d’expérimentation, mais la ministre veut, dans le même temps, imaginer de nouveaux « dispositifs de soutien » lors de la première année du lycée. Double emploi ou manière de faire passer sans le dire par pertes et profits l’idée de son prédécesseur ? (...)

Une à une, ce sont donc toutes les pièces du puzzle établi depuis deux ans qui sont éparpillées, jusqu’à la fameuse adéquation entre la démographie scolaire et les postes d’enseignant·es. « En 2028, nous aurons perdu une génération, a expliqué Élisabeth Borne devant les syndicats. Là où des suppressions de postes semblaient inévitables, nous avons fait un choix clair, celui de maintenir et même de créer des emplois pour accompagner nos priorités éducatives. »

L’objectif ? Améliorer significativement le ratio du nombre d’élèves par classe, pour atteindre une moyenne de 21,1, « son plus bas niveau historique » depuis que la mesure existe (...)

Reprendre « 4 000 postes d’enseignants aurait fragilisé notre politique éducative », a même osé la ministre, oubliant un peu vite qu’elle siégeait il y a peu au sein de l’Assemblée et d’un groupe qui n’a pas vraiment bataillé pour que cette décision ne figure pas dans le texte budgétaire final déposé par le gouvernement.

De la même manière, la nouvelle ministre a confirmé la création de 2 000 postes d’AESH (accompagnant·es d’enfants en situation de handicap), sans piper mot sur la mobilisation de ces derniers et dernières, en grève jeudi 16 janvier, et qui réclament une augmentation substantielle de leur salaire pour vivre « dignement ».

Une rentrée sauvée, et après ?

Près des machines-outils du lycée Hector-Guimard, deux AESH interpellent d’ailleurs la ministre sur ce thème, après l’avoir entretenue des élèves qu’elles accompagnent, pour certains porteurs d’un handicap moteur, d’autres d’un handicap cognitif. « C’est un statut, nous, que l’on demande ! » « Nous en avons parlé ce matin, avec les syndicats », leur répond la ministre, avant d’avancer. (...)

l’enjeu à venir pour la ministre de l’éducation nationale : quelles seront ses réelles marges de manœuvre budgétaires, au-delà du maintien des postes pour la rentrée 2025, pour répondre à tous les chantiers urgents de l’Éducation nationale, dont celui de l’attractivité du métier ? (...)

les syndicats n’ont pas abandonné l’hypothèse d’une poursuite de la revalorisation salariale, essentielle pour attirer et garder les personnels, et l’ont fait explicitement savoir à la ministre, vendredi. (...)