Quatre jours après l’attentat d’Arras, la tuerie de Bruxelles signe le retour de la menace terroriste djihadiste sur le continent européen. Depuis plusieurs mois, pouvoirs publics et services de renseignement alertent sur la possibilité de nouvelles attaques planifiées depuis l’étranger.
Une fusillade, deux morts, un blessé. Peu après 19 heures, lundi 16 octobre, près de la place Sainctelette, dans le nord de Bruxelles, un homme en veste fluo orange a fait feu sur plusieurs personnes, avant de prendre la fuite à scooter (...)
Une vidéo de revendication du double meurtre, dans laquelle un homme s’exprime en arabe, a circulé peu de temps après le crime sur les réseaux sociaux. L’individu qui revendique ainsi la tuerie se réclame de l’État islamique. Sur sa vidéo, il dit se nommer Abdelsalem al-Jilani.
Selon Dernière heure, sa véritable identité serait Abdelsalem L., un Tunisien de 45 ans en situation irrégulière. Son domicile, à Schaerbeek, l’une des dix-neuf municipalités qui composent la région de Bruxelles-Capitale, a été perquisitionné dans la soirée. Dans la matinée, le parquet fédéral a indiqué que le suspect avait été neutralisé puis transporté à l’hôpital où il est décédé. (...)
Lors de la même conférence de presse, le ministre de la justice, Vincent Van Quickenborne, a indiqué que le suspect était connu « pour des faits de trafic d’êtres humains » et atteinte à la sûreté de l’État. « En juillet 2016, des informations non confirmées ont été transmises par un service de police étranger selon lesquelles l’homme avait un profil radicalisé et voulait partir vers une zone de conflit pour le djihad. »
Toujours selon le ministre de la justice, une réunion à l’agence antiterroriste devait avoir lieu mardi pour évaluer sa dangerosité. Cette réunion aurait été planifiée dimanche soir, ce qui laisse entendre que le profil inquiétant du tueur présumé avait été détecté et qu’un passage à l’acte imminent était craint. (...)
Les supporters suédois ont été conduits sous escorte à l’aéroport pour regagner leur pays. (...)
Le contexte de guerre entre Israël et le Hamas ne serait pas le mobile de cette tuerie. « À ce stade, aucun élément n’indique un lien potentiel avec la situation israélo-palestinienne », a tenu à souligner Eric Van Duyse, porte-parole du parquet fédéral belge.
Contacté vendredi à propos de l’état de la menace, un officier de renseignement français estimait : « L’attaque du Hamas le week-end dernier et la réaction d’Israël n’arrangent rien. Mais, pour l’heure, nous n’avons pas constaté de connexion avec une éventuelle accélération de la menace en France ou en Europe. Il n’y a pas eu d’appels des groupes terroristes internationalistes comme Al-Qaïda ou l’État islamique, en réaction aux bombardements de Gaza. Et lors des précédents conflits entre le Hamas et Israël, ce n’était pas le cas non plus. Si cela arrivait, ce serait une première… »
Dans une seconde vidéo, prise avant l’attentat, l’auteur autoproclamé de la tuerie de Bruxelles, cette fois encagoulé, ne mentionne pas la situation à Gaza mais évoque ceux qui portent atteinte à la religion. (...)
En l’espace de quatre jours, les attentats d’Arras et de Bruxelles sont la matérialisation d’une réalité : la menace du terrorisme djihadiste est de retour sur le sol européen. (...)
la menace d’opérations projetées depuis l’extérieur du territoire serait, elle aussi, de nouveau d’actualité. (...)
Quelques jours après les déclarations du ministre Darmanin à la télévision, Al-Qaïda dans la péninsule arabique (AQPA), la filiale de l’organisation terroriste qui avait ordonné le massacre de la rédaction de Charlie Hebdo, menaçait dans le dernier numéro de son magazine Sada Al-Malahim de frapper un « ministère » à Paris et de détruire une « ambassade suédoise » (...)
Le tueur autoproclamé de Bruxelles n’est pas affilié à Al-Qaïda mais il semble avoir entendu leur message.