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Mediapart
Cyberharcèlement raciste du député Aly Diouara : six hommes devant le tribunal et « des centaines qui n’ont pas été interpellés
#cyberharcelement #racisme
Article mis en ligne le 14 décembre 2025
dernière modification le 12 décembre 2025

La procureure de Paris a requis mercredi jusqu’à huit mois de prison ferme pour trois prévenus et des peines avec sursis pour trois autres, tous mis en cause pour avoir envoyé des commentaires racistes à l’élu insoumis sur X. Aly Diouara a confié avoir pensé à renoncer à son mandat au vu d’un déferlement de haine « quotidien ».

e« Ce ne sont pas des arguments politiques qu’on m’oppose, mais uniquement le simple fait que je sois un Noir. » Au tribunal de Paris, mercredi 10 décembre, le député Aly Diouara raconte avec émotion son quotidien d’élu racisé en France, depuis les élections législatives de juillet 2024.

« Depuis que j’ai remporté ces élections, je fais l’objet d’une vague de haine qui ne s’est pas arrêtée. Au quotidien, je bloque les comptes qui m’insultent, qui me traitent de sale Noir, de sale nègre, de macaque... » Il dit avoir bloqué 1 500 comptes sur le réseau social X (ex-Twitter) en dix-huit mois.

L’élu de Seine-Saint-Denis a porté plainte en août 2024 pour cyberharcèlement, aggravé au titre de sa condition d’élu de la République et par le caractère raciste des propos ciblés. Parmi les 600 messages haineux signalés, la justice en a retenu quinze, émanant de douze comptes différents.

Seules sept personnes ont finalement pu être identifiées et sont aujourd’hui poursuivies. La septième ayant obtenu le renvoi de son audience en février 2026 par disjonction de l’affaire, il reste donc mercredi 10 décembre six hommes, de tous âges et de différents lieux de résidence – des Sables-d’Olonne à Marseille en passant par la région parisienne – pour répondre de leurs mots. (...)

Tout, dans les propos poursuivis, « relève du caractère raciste », estime la procureure. Racisme qui « s’affirme haut et fort sur les réseaux sociaux et un peu moins fort et un peu moins haut dans une salle d’audience », ajoute-t-elle. Le ministère public a requis des peines lourdes : six à huit mois de prison ferme pour les trois prévenus absents de l’audience, et de quatre à huit mois de prison avec sursis pour les trois présents.

Des hommes blancs accrocs à X
François L., Éric L. et Frédéric B. ont en commun leur genre, une utilisation intensive du réseau social X et une détestation de La France insoumise (LFI), le parti d’Aly Diouara. Ils sont tous blancs. (...)

« J’ai espoir que cela calme les ardeurs racistes à mon encontre, mais aussi à l’encontre des citoyens lambda », a glissé le député. Lorsqu’on l’interroge sur une autre solution radicale supplémentaire – quitter tout bonnement X –, il dit ne pas vouloir « se résigner » contre les assauts racistes.

La responsabilité de la plateforme états-unienne, elle, n’a quasiment pas été abordée au cours de l’audience. En tant que réseau social qui opère sur le sol français, X est pourtant tenu de respecter le règlement européen sur les services numériques (DSA) – l’Union européenne lui a d’ailleurs infligé une amende le 5 décembre – et donc de modérer les contenus haineux dès lors qu’ils lui sont signalés.

Depuis que Twitter a été racheté par le milliardaire d’extrême droite Elon Musk en 2022, le réseau social devenu X a réduit son équipe de modération et ne répond plus aux questions de la presse. Son algorithme a par ailleurs été modifié pour donner plus de poids aux personnes qui paient un abonnement mensuel à la plateforme et pour favoriser la visibilité des posts de son nouveau propriétaire, ami de Donald Trump.

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