Arrivé en Italie en 2016 puis régularisé, le Gambien Kebbis Secka avait fait le choix de se déclarer donneur d’organes au cours de ses différentes démarches administratives. Après son décès en décembre dernier dans un accident de moto, son geste a permis de sauver d’autres vies.

Kebbis Secka, appelé "Kebba" par ses amis, débarque avec son cousin Ebrima dans le port sicilien de Pozzallo le 25 juin 2016. Les deux étaient partis de Gambie, ont traversé la Libye, puis la mer Méditerranée.

Kebba obtient un permis de séjour en Italie et une carte d’identité dans la ville de Vittoria, près de Raguse. Il décide dans le même temps de signaler sa volonté d’être donneur d’organes.

Kebba n’a que 23 ans lorsqu’il décède des suites d’un accident de moto début décembre 2023. Percuté par une voiture alors qu’il rentrait chez lui, il succombe à ses blessures après une semaine d’hospitalisation à Cannizzaro.

Premier donneur d’organes en Italie

Keith Abdelhafid, imam à Catane, une ville portuaire en Sicile, s’est rendu à l’hôpital. Selon lui, Kebba est le premier réfugié donneur d’organes en Italie. "Celui qui sauve une vie sauve l’humanité entière", a déclaré l’imam, en citant le Coran.

Avant sa mort, Kebbis Secka a travaillé comme médiateur culturel au sein de la coopérative Fo.co à Chiaramonte Gulfi, une localité dans le sud de la Sicile.

Il était passionné de football et jouait pour le Vittoria FC. "Son surnom était Lampard, en référence au célèbre milieu de terrain anglais", raconte sa cousine Ebrima, à la sortie des funérailles.

Une partie du travail de Kebbis Secka a consisté à aider des migrants ayant suivi la même route migratoire. (...)

Le Gambien a travaillé avec la coopérative pour mettre en place "Ragazzi in Gambia" (jeunes en Gambie), un projet d’économie circulaire destiné à créer davantage d’opportunités d’emploi dans le pays et à offrir une alternative à ceux qui souhaitent émigrer. (...)

"Kebba n’était pas seulement mon cousin, c’était aussi mon meilleur ami et c’est lui qui m’a sauvé lorsque nous avons traversé la Méditerranée. Nous avons également passé de terribles moments ensemble dans les prisons libyennes", raconte Ebrima, son cousin. (...)