
Face à la contamination de son principal captage d’eau potable, la métropole de Rouen a échoué à trouver une source alternative, après dix ans de recherches.
À Saint-Étienne-du-Rouvray, le captage de La Chapelle, principal réservoir de l’agglomération situé dans une zone au lourd passif industriel, est soumis à de multiples contaminations.
Afin de cesser l’exploitation de cette nappe polluée, qui alimente les robinets de 90 000 habitants de la banlieue sud de la préfecture de Seine-Maritime, les investigations devaient permettre de trouver un gisement capable de produire 50 000 m3 d’eau par jour. (...)
Au terme de dix ans de recherches, le diagnostic est implacable : aucun des secteurs envisagés n’est suffisamment préservé de la pollution pour représenter une alternative viable.
La faute à un passé marqué par une « exploitation irrationnelle des ressources » et une « pollution qui, quoi qu’on fasse, envahit les nappes aquifères au voisinage des zones urbaines et industrielles », alertait déjà un géologue du BRGM dans un rapport daté de 1967, déterré par Reporterre. (...)
Les stigmates du passé industriel
En raison de la proximité d’usines et d’anciennes décharges, l’eau puisée à La Chapelle a été dégradée. Déjà contaminé aux premières heures de son exploitation en 1960, le captage a été touché par une première pollution aux composés chlorés toxiques à la fin des années 1970, puis une deuxième, à l’ammonium, à partir de 2011.
Le traitement poussé de l’unité de potabilisation permettait malgré tout de distribuer une eau conforme. Du moins, jusqu’en 2022. À cette période, des résidus de pesticides et des PFAS, aussi appelés « polluants éternels », ont été retrouvés dans l’eau du robinet à des taux dépassant la limite de qualité fixée par la réglementation. Des mesures ont depuis permis de rentrer dans les clous. (...)
L’agglomération rouennaise n’est pas une exception. En 2022, la France comptait 32 900 captages d’eau potable actifs. Entre 1980 et 2024, 14 300 ont été fermés, dont 4 600 pour des problèmes de pollution, détaille le ministère de la Transition écologique dans une feuille de route pour la protection des captages d’eau potable. Rendu public le 28 mars, ce document rappelle que « la pollution des ressources en eau est une menace insidieuse, avec des impacts à long terme sur la santé et l’environnement ».
Une piste prometteuse écartée
En 2015, les recherches préliminaires d’une nouvelle source en eau potable ont abouti à l’identification par le BRGM de 17 secteurs potentiels — dont 4 dans la vallée de la Seine. 11 ont pourtant été mis de côté d’office. En cause : « la présence de sources potentielles de pollution », les caractéristiques géologiques de certains sites pouvant faciliter l’infiltration d’eau contaminée dans les nappes, ou encore le risque d’une concurrence avec des prélèvements industriels et agricoles, d’après dans un document officiel de la MRN de 2023.
Une autre contrainte entre en ligne de compte : le gisement doit se trouver dans un rayon de 30 km autour du captage de La Chapelle, où se trouve une usine de traitement que la collectivité souhaite conserver. (...)
« Il y a un enjeu extrêmement fort sur les techniques de dépollution » (...)
Des traitements toujours plus coûteux
La métropole doit donc se résoudre à poursuivre l’exploitation du captage de La Chapelle, en y renforçant les traitements. D’après la collectivité, les seules mesures pour abaisser les taux de PFAS représentent un coût annuel supplémentaire d’environ 200 000 euros. (...)