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Mediapart
À Marseille, une multinationale de l’agrochimie pollue sans se soucier de la loi
#multinationales #pollution #agrochimie #fraudes
Article mis en ligne le 8 février 2024
dernière modification le 6 février 2024

Pendant des mois, Cerexagri a mis en péril la santé de ses salariés marseillais et des riverains, pour gagner en productivité. Propriété d’une multinationale indienne, le site a rejeté un gaz toxique dans l’atmosphère en contournant la réglementation en vigueur.

(...) ce nouveau procédé présente un inconvénient majeur, qui n’a jamais été présenté à la cinquantaine de salariés de l’usine : il rejette un gaz toxique, l’hydrogène sulfuré (H2S), dans l’atmosphère. Ce nom, tous les employés de Cerexagri le connaissent. La formation de ce gaz est inévitable dans la fabrication de l’engrais qu’ils produisent. Mais ce qui pose problème ici, c’est la quantité de H2S engendrée par le nouveau système adopté en 2021 par l’entreprise.

D’après les informations de notre partenaire Marsactu, le système pneumatique engendre une diffusion d’hydrogène sulfuré jusqu’à trente fois supérieure au seuil légalement autorisé dans l’air ambiant. Par précaution, lorsque ce seuil – fixé à 5 ppm (parties par million) – est dépassé au sein d’un espace de travail confiné, la production doit immédiatement être mise à l’arrêt, indique le Code du travail.

Pour contourner cette législation et combler ainsi les défaillances de son nouveau système pneumatique, la direction du site marseillais a tout simplement installé une ligne d’échappement secondaire, démontable et surtout non déclarée. Si l’entreprise s’est finalement mise en conformité au mois de décembre 2023, l’installation est restée en place pendant plusieurs mois. L’hydrogène sulfuré était alors rejeté à l’extérieur de l’un des hangars de production, juste au-dessus d’une porte empruntée par les ouvriers.

Le surplus de gaz toxique n’était donc pas évacué par la ligne d’échappement principale et passait sous les radars de contrôle. (...)

Salariés incommodés

Le conseil social et économique (CSE) de l’entreprise n’ayant jamais été informé d’une telle installation, les salariés ne se doutent de rien pendant des mois. Mais à plusieurs reprises, certains d’entre eux sont incommodés par la présence de H2S lorsqu’ils se trouvent dans la zone extérieure où le flexible non déclaré rejette l’hydrogène sulfuré.

D’après l’Institut national de l’environnement industriel et des risques (Ineris), une exposition trop importante au H2S, même sur une courte durée, peut entraîner des intoxications aiguës chez l’homme (...)

Après la découverte de la ligne d’échappement secondaire, une alerte pour danger grave et imminent (DGI) est déclenchée le 1er novembre, et les installations sont arrêtées. La cessation d’activité est confirmée le lendemain lors d’un CSE extraordinaire, et l’inspection du travail est alors saisie par l’employeur comme l’exige la procédure.

Cinq jours plus tard, la direction départementale de l’emploi, du travail et des solidarités (DDETS) se rend sur place accompagnée d’un expert. Au terme d’une réunion de plusieurs heures avec les responsables de Cerexagri-UPL, l’inspection du travail refuse la reprise d’activité et dresse une liste de préconisations pour diminuer la quantité de H2S relâchée dans l’atmosphère. (...)

Ces pratiques et ces dysfonctionnements accumulés mettent à mal une communication axée sur la sécurité, le respect de l’environnement et le bien-être de ses collaborateurs.

D’autres défaillances dans le passé (...)