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Ouest France
Zad de Notre-Dame-des-Landes. Les 100 Noms détruits, tout bascule
Article mis en ligne le 10 avril 2018

Tous les opposants à l’aéroport ont été surpris et choqués par l’intervention des gendarmes, lundi, dans ce lieu agricole qu’ils pensaient protégé. L’affrontement est devenu frontal. Les jours qui viennent diront si l’État a commis une erreur.

« L’huissier est arrivé en même temps que les gendarmes mobiles, raconte Guillaume, un des habitants des 100 Noms. On est allé l’attendre à la boîte aux lettres. Il nous a dit vous avez 10 minutes pour partir... ! »

Sentiment de dégoût et de trahison chez le jeune berger : « On s’était déclaré comme habitants, on avait fait une demande pour un projet agro-environnemental auprès de la MSA. On n’a eu aucune réponse et, aujourd’hui, on est viré. C’est une vaste blague ! C’est écœurant ! »

Même pas dix minutes plus tard, les gendarmes mobiles investissent le vaste champ des 100 Noms qui compte plusieurs coquettes et ingénieuses cabanes, un vaste potager, un bûcher bien fait, un hangar et où pâturent d’ordinaire la vingtaine de moutons de leur bergerie en construction. La veille, elles ont été emmenées chez un paysan voisin. Les ânes sont évacués d’urgence sur le tas.

« J’étais amoureuse de ce lieu »
Vite, très vite, une vingtaine de zadistes montent spontanément sur le toit hangar et une barrière humaine de militants anti-NDDL ceinture la maison collective. Personne ne veut croire à l’expulsion. Encore moins à une destruction. « Les expulsions sont toutes dégueulasses, mais celle-ci est incompréhensible. » - « Pas eux, ils ont construit un vrai projet. » - « J’étais amoureux de ce lieu » , murmure un autre.

Sous la pression des zadistes qui viennent à eux, les gendarmes les repoussent vers la maison. En ligne. Puis corps à corps, bousculade, panique. Du spray lacrymogènes est balancé au visage. Les zadistes se replient dans le champ d’à côté par un minuscule passage boueux extrêmement glissant que ferment ensuite de leurs boucliers une dizaine de gendarmes. Les zadistes y restent lontemps, patients et, encouragent leurs camarades sur le toit.. Nez à nez avec les gendarmes. « Comment voulez-vous qu’on soit calme quand des gens qui ont mis cinq ans à construire ça sont mis dehors ! » Des jets de boues seront sanctionnés par une rasade de gaz.

Les hommes du toit délogé, le hangar est le premier à tomber, dans un nuage de lacrymo. Les maisons suivront vers 17 h 45. Sarah, jeune femme frêle des 100 Noms a des trémolos dans la voix. « Tout est détruit. Ils nous ont menti ! »

L’Acipa scandalisée
Les gendarmes n’auraient-ils pas fait une erreur stratégique en touchant aux 100 Noms ? Ce lieu agricole et d’élevage n’hébergeait pas des radicaux. Les opposants comptaient en faire un exemple de l’avenir de la Zad. Il n’existe plus. Après avoit réussi pendant deux mois à diviser le mouvement anti-aéroport, l’État a peut-être pris le risque de le resouder en une journée ! Immédiatement, l’Acipa s’est dit scandalisée. « Expulsion incompréhensible. Ses habitants portaient un vrai projet agricole. L’État ne respectant pas sa propre parole, nous appelons tous ceux qui le peuvent venir mardi à NDDL. » (...)