
Le camp de Roms d’Issou (Yvelines) a été évacué ce mercredi 25 août 2021. Sur les 70 occupants, une dizaine de personnes ont été relogées dans un hôtel de Magny-les-Hameaux.
Cela faisait plus de trois ans qu’ils occupaient un terrain privé situé dans les champs d’Issou, à environ 200 mètres de la Départementale 190, dans ce qu’on appelle couramment la Vallée aux cailloux.
(...) Deux jours plus tôt, la mairie d’Issou avait déposé un arrêté d’expulsion, laissant 48 heures aux occupants du camp pour quitter et débarrasser les lieux. Entre-temps, une dizaine de caravanes avaient été déplacées quelques centaines de mètres plus loin dans les champs, avant d’être repérées par un promeneur. Sans doute les familles concernées espéraient-elles pouvoir revenir discrètement après l’expulsion.
« Ce n’était pas viable sur la durée »
Le mois dernier, Lionel Giraud, le maire d’Issou, expliquait à 78actu qu’il comptait les voir partir. « Il faut offrir une solution à ces gens, sans déplacer le problème et tout en faisant respecter l’ordre républicain. » (...)
Accepter ce qui se passe ici, c’est accepter que des populations se mettent en danger et qu’elles mettent en danger la collectivité. Ce n’est pas viable sur la durée.
Le maire fait notamment référence aux bouteilles de gaz qui traînaient un peu partout dans le campement, aux branchements électriques de fortune. « Il y a peu, j’ai vu un enfant de 2 ans qui buvait un flacon de sirop trouvé par terre », se désole-t-il.
Si l’évacuation s’est globalement passée dans le calme, elle a été très mal acceptée par les personnes du camp.
« Où va-t-on aller, s’interroge Alexandra, 16 ans. Ils ont cassé nos caravanes. On va aller dans la rue, dans les gares. Mais il fait froid la nuit ! Et on n’a même pas eu le temps de prendre nos vêtements et nos couvertures. On n’a plus rien du tout. »
Mirla, 37 ans, une Achéroise venue aider des proches, est aussi interloquée.
J’avais bien compris qu’on ne pourrait pas rester là toute notre vie. Mais là, je n’ai pas l’impression d’avoir été bien traitée. Quand on veut expulser des gens, il faut leur donner un mois pour trouver une solution de repli.
Deux familles relogées dans un hôtel
Le maire, qui assure être un humaniste, dit avoir joué carte sur table avec les Roms. « Deux familles (environ dix personnes) ont accepté d’être relogées dans un hôtel. Pourquoi pas les autres ? Les services sociaux étaient là ce matin pour proposer des solutions. J’appelle les autorités publiques à favoriser l’intégration des familles qui ont joué le jeu. »
La fédération des Yvelines de la Ligue des Droits de l’Homme n’a pas tardé à réagir, regrettant une expulsion jugée « inhumaine et contre-productive ».
Dans un communiqué, elle met en avant que le terrain occupé « était loin de toute agglomération et ne provoquait pas de nuisances particulières ». Elle tente aussi d’expliquer le refus de la majorité des familles de se rendre à l’hôtel.
La plupart des familles sont réticentes à accepter les quelques nuitées d’hôtel proposées, car elles craignent d’être remises à la rue au bout de quelques jours ou semaines, comme c’est souvent arrivé dans des situations analogues lors de l’expulsion d’autres bidonvilles. Cette mesure d’expulsion aggrave donc la situation de la plupart des familles, remettant en cause la scolarisation des enfants, elle contraint ces familles à rechercher un nouveau terrain ailleurs.
Où vont aller les Roms ?
Alors que les derniers Roms encore présents sur place quittaient les lieux vers 16 h, remontant la Départementale 190 en direction du collège, la question de l’avenir des personnes expulsées peut légitimement se poser. (...)
Sylvain Riou, un habitant de Mantes-la-Ville qui s’est investi au cours des derniers mois pour rendre le lieu plus décent, estime que le problème est loin d’être réglé. « Ce n’est pas une bonne décision, on ne fait que déplacer le problème. »
Aux dernières nouvelles, certaines personnes avaient déjà trouvé refuge en fin d’après-midi dans le parc d’Issou.