
La situation sanitaire du camp de Roms d’Issou (Yvelines) s’améliore. Pour autant, ces 70 personnes sont toujours menacées d’expulsion.
Depuis plus de trois ans, des Roms squattent un terrain privé d’Issou. Cette clairière, dans la Vallée aux cailloux, accueille environ 70 personnes, dont des enfants, dans une trentaine de caravanes vétustes. À l’hiver dernier lors de notre visite, l’endroit, jonché de déchets, était infesté de rats.
La situation sanitaire s’est améliorée
Grâce à l’action de Sylvain Riou, un Mantevillois, le campement a été nettoyé depuis. Courant février, bénévolement avec l’aide de quelques Roms, il a évacué les immondices accumulées par ces derniers : cinq tonnes en tout, éloignant par la même occasion les rats des roulottes. (...)
Pour faciliter la vie des habitants, il a également construit des toilettes sèches. Et la mairie a mis en place un ramassage hebdomadaire des ordures. Côté cadre de vie, la communauté a aussi aménagé une église, avec autel et système de sonorisation, dans un bâtiment en bois qui sert également d’école. Un prêtre évangélique donne la messe deux fois par semaine.
Un bidonville que les habitants ne veulent pas quitter
Reste que l’endroit a encore tout d’un bidonville : le sol est gadouilleux, les branchements électriques hasardeux, des voitures à moitié désossées sont entassées ici et là. À l’intérieur des caravanes, les conditions de vie sont tout aussi spartiates. Le chauffage, par exemple, provient de vieux poêles bricolés, excessivement dangereux.
Néanmoins, ces ressortissants roumains trouvent ici une certaine forme de stabilité, voire de confort, et ne comptent pas quitter le camp. Alors que les services de l’État, qui leur assure un suivi social depuis 2018, songent sérieusement à évacuer les lieux, jugés insalubres. (...)
Sylvain Riou avance ses arguments pour s’opposer à la mesure. « Tous les enfants sont scolarisés dans les écoles du coin et les adultes travaillent pour la plupart, indique-t-il. Si le camp était démantelé, les personnes seraient dispersées dans la région et perdraient tous leurs repères. »
Malgré cette précarité évidente, les personnes rencontrées sur le camp disent se sentir « bien » ici. Beaucoup, arrivés en France il y a plusieurs années, sont allés de bidonville en bidonville avant de s’établir à Issou. « On préfère nos caravanes. On n’est pas habitués à vivre en appartement », confie une habitante du camp, âgée de 37 ans. « La préfecture propose de nous loger à l’hôtel, poursuit Dancu, 34 ans. Mais au bout de trois jours, on se retrouvera dehors. Où ira-t-on ? » « C’est mieux qu’on reste ici le temps de trouver un vrai logement », ajoute une autre occupante. (...)
Plusieurs grandes familles, qui ont fui la misère en Roumanie pensant trouver mieux en France, constituent la communauté. Certains travaillent dans les exploitations agricoles du coin. D’autres survivent en faisant la manche. Quand, une poignée d’entre eux a eu récemment des démêlés avec la justice, après une vague de cambriolages survenue l’an dernier dans le secteur.
« Offrir une solution à ces gens, sans déplacer le problème »
Lionel Giraud, le maire, bien que partagé entre humanisme et salubrité publique, souhaite les voir partir. « La dernière fois que j’y suis allé, j’ai vu un enfant de deux ans jouer avec un fond de flacon de médicament…, rapporte l’élu, qui évoque un niveau de pauvreté extrême. Il faut offrir une solution à ces gens, sans déplacer le problème et tout en faisant respecter l’ordre républicain. » Une équation compliquée, de l’aveu même du maire, qui estime que cela « prendra du temps ».