"Des personnes vaccinées meurent du Covid-19", "l’ARN messager modifie notre code génétique", "on peut transmettre le virus même en étant vacciné"... Les arguments des anti-vaccins contre le Covid-19 continuent de se diffuser, et le rythme de la vaccination, lui, ralentit. Mais ces arguments sont-ils fondés ? Antoine Flahault, épidémiologiste, répond aux plus répandus d’entre eux.
Certains hésitent encore, d’autres les ont rejetés il y a déjà bien longtemps. Plus de six mois après le début de la campagne de vaccination, les vaccins contre le Covid-19 déchaînent encore les passions. Des sceptiques aux antivax les plus récalcitrants, les arguments en leur défaveur ont la peau dure. Ils seraient inefficaces, voire dangereux... Alors que même des scientifiques se disent anti-vaccin, de nombreux Français ne savent plus à quel saint se vouer.
Pourtant, aujourd’hui, le variant Delta menace, et le ralentissement du rythme de la vaccination fait craindre le déferlement d’une quatrième vague de coronavirus en France dès la fin du mois de juillet, selon Olivier Véran. (...)
"Les antivax ne représentent qu’une toute petite proportion de la population française, puisqu’on peut l’estimer à moins de 3,5 %", tient-il à préciser en préambule. Il ne faut pas confondre les antivax que rien ne fera changer d’avis, et ceux qui s’interrogent, insiste l’épidémiologiste. "Il y a, à côté des antivax, une proportion bien plus importante : ce sont des personnes qui se posent des questions qui peuvent être très légitimes, et auxquelles je vais maintenant répondre".
• Vrai ou faux : "Les vaccins contre le Covid-19 ont été développés trop rapidement, on ne peut pas leur faire confiance"
Oui, c’est vrai qu’ils ont été développés rapidement, et c’est vrai aussi que ce sont des vaccins nouveaux, innovants, notamment pour les vaccins à ARN messager. Toutefois, ce qui a été compressé, ce sont les phases administratives de mise en œuvre des essais cliniques, pas les phases d’éthique. Les comités d’éthiques ont été consultés tout à fait normalement et ont donné leur avis et leurs réponses normalement. Ce qui a permis l’accélération du recrutement, c’est la pandémie.
Un vaccin est en développement dans le cas du virus Ebola, mais il n’y a jamais eu autant de possibilités de recruter des patients. En effet, pour recruter 30 000 personnes, et pour voir qu’il y a une différence entre le groupe placebo et le groupe vaccin, il faut qu’il y ait une sacrée épidémie : si le virus ne circule pas, ou peu, cela devient très difficile.
Je me souviens avoir mené un essai clinique sur la chloroquine dans le cadre du chikungunya, car on pensait qu’elle avait un effet, et on a dû l’arrêter faute de combattants.
Les conditions qui ont bénéficié a un développement rapide du vaccin contre le Covid-19 sont liées à l’épidémiologie.
• Vrai ou faux : "Un certain nombre de personnes vaccinées figurent parmi les cas positifs ou les patients hospitalisés. Le vaccin est donc inefficace, notamment face au variant Delta"
Il suffit de regarder ce qui se passe en Israël ou au Royaume-Uni qui subissent une vague liée au variant Delta. Lorsque l’on prend les couplages entre les cas de contamination, les hospitalisations, les soins intensifs et la mortalité, il y a justement une absence, pour le moment, de mortalité associée. Alors que parallèlement, en Russie dont la population est beaucoup moins vaccinée (environ 15 % a reçu la première dose, contre plus de 65 % au Royaume-Uni), vous avez une vague de mortalité importante avec près de 800 morts par jour et une vraie vague complètement couplée, comme en Afrique du Sud où l’on voit augmenter le nombre de cas positifs et de décès.
Au Portugal, qui est plus proche des autres pays européens quant à la vaccination (au-delà de 50 %), s’il y a peut-être un petit surcroît d’hospitalisations, il semble que ce soit très atténué, ou en tout cas pas dans les mêmes proportions qu’en Russie.
Ainsi, on a presque la démonstration vivante que le vaccin, à partir d’un certain seuil, commence à fonctionner. Ça ne veut toutefois pas dire qu’il n’y aura pas d’hospitalisations : au Royaume-Uni, il reste une fraction de personnes non vaccinées, et ce sont justement ces gens qui entrent dans les hôpitaux, et non les vaccinés.
Quoi qu’il en soit, il y a bien sûr des échappements vaccinaux, et quelques personnes vaccinées qui contractent le virus. Il y en a même qui peuvent faire des complications graves et en mourir. Mais il y a toujours une inefficacité vaccinale marginale, elle est très faible pour les vaccins contre le Covid-19, mais un vaccin n’est jamais efficace à 100 %. Les vaccins contre le Covid-19 sont très proches de 100 %.
À part de très rares cas liés par exemple à une immunosénescence c’est-à-dire où des personnes très âgées peuvent perdre leur immunité vaccinale, quand vous êtes vaccinés, vous êtes soustraits du risque d’hospitalisation. On a vraiment affaire à des vaccins d’une très grande efficacité. (...)
• Vrai ou faux : "On peut transmettre le virus même en étant vacciné" (...)
• Vrai ou faux : "Les vaccins à ARN messager modifient notre code génétique" (...)
• Vrai ou faux : "Les vaccins à ARN messager, comme Pfizer, peuvent provoquer des cancers" (...)
• Vrai ou faux : "Les effets indésirables du vaccin sont plus dangereux que la maladie" (...)
• Vrai ou faux : "Avec une bonne hygiène de vie, le système immunitaire peut se défendre tout seul et n’a pas besoin d’un vaccin" (...)