
Alors que la presse coule à pic ou est rachetée par de puissants industriels, l’administration fiscale ne trouve rien de mieux que de frapper durement Mediapart, journal indépendant qui refuse toute subvention publique, en le mettant en demeure de payer 4,1 millions d’euros ! Pour répondre à ce coup bas, nous lançons une campagne exceptionnelle de soutien et un appel à dons (c’est ici) sur la plateforme J’aime l’info.
Jeudi à 20 h, vous étiez déjà plus de 2 600 donateurs pour une somme globale d’environ 130 000 euros. Merci.
La presse va mal, et cette situation empire année après année. Cette crise a trois conséquences immédiates. D’abord, des plans sociaux à répétition dans les rédactions, et un appauvrissement de l’offre éditoriale et de sa qualité. Ensuite, une concentration sans précédent des grands médias dans les mains d’une dizaine d’industriels et banquiers (Dassault, Drahi, Niel, Lagardère, Pigasse, Pinault, Bouygues, Bolloré, Arnault), une concentration qui menace directement le droit des citoyens à une information libre et pluraliste. Enfin, des subventions publiques massives accordées par l’État à ces mêmes industriels pour maintenir en vie des médias lourdement déficitaires.
Dans ce paysage sinistré, Mediapart a fait dès 2008 le choix d’utiliser à plein les potentialités de la révolution numérique. Pour construire un journal original, mettant l’enquête au cœur de son ambition éditoriale, pleinement participatif, refusant toute publicité et toute subvention publique.
Est-ce cette indépendance qui dérange tant les pouvoirs en place ? Est-ce cette indépendance qui nous vaut aujourd’hui les foudres de l’administration fiscale et donc du pouvoir ? S’agit-il de mettre à genoux l’un des très rares médias qui a pu s’imposer par ses révélations, par son journalisme de qualité et par une relation radicalement nouvelle avec ses lecteurs ? S’agit-il de briser un journal numérique qui a fait la démonstration qu’un modèle économique nouveau pouvait être bâti, Mediapart étant depuis quatre années largement bénéficiaire ?
En déclenchant quelques mois seulement après l’affaire Cahuzac (ce ministre du budget qui avait fraudé le fisc en ne déclarant pas un compte caché en Suisse) une procédure de contrôle fiscal, l’administration a fait le choix d’ignorer toutes les évolutions et innovations d’un secteur – la presse digitale – qui constitue aujourd’hui le premier moyen d’accès à l’information pour les citoyens.
Pendant que l’État verse à fonds perdus des subventions à des milliardaires propriétaires de médias (plus d’1 milliard d’euros en tout), son administration fiscale frappe une presse digitale qui ne vit que de ses lecteurs : Arrêt sur Images, Indigo Publications et Mediapart. (...)