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Voici à quoi ressemble vraiment le travail des profs aujourd’hui
Article mis en ligne le 8 septembre 2019

Alors que la formation pédagogique des enseignant·es en France est moindre que dans l’OCDE, leur environnement reste plus défavorable à l’apprentissage.

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L’enquête constate d’abord que les enseignant·es français·es sont plus souvent en présence que leurs homologues de l’OCDE de profils scolaires diversifiés tant sur le plan du milieu social, que de l’origine ou du contexte linguistique. 42% travaillent ainsi dans des collèges où au moins 30% des élèves viennent de milieux sociaux désavantagés (20% dans l’OCDE) ; 32% exercent dans des établissements où au moins 10% des élèves sont issu·es de l’immigration (17% dans l’OCDE), l’écart étant particulièrement marqué sur ce critère. (...)

Cette spécificité peut tenir à une ségrégation plus forte de ces populations dans certaines zones du territoire (et par conséquent dans les établissements qui y sont implantés) ou à une plus forte présence de ces populations dans notre pays. Prudemment, la rédactrice du rapport ne tranche pas entre ces deux options (qui ne sont d’ailleurs pas incompatibles). (...)

L’OCDE constate également que le corps enseignant français travaille plus souvent dans des classes comprenant des élèves « désavantagés mentalement, physiquement ou émotionnellement » (40% dans des classes comprenant au moins 10% de ce type d’élèves contre 27% dans l’OCDE). Bref, il semble qu’il soit confronté à un public scolaire en moyenne plus difficile que leurs homologues de l’OCDE.

Cela rend l’exercice du métier également plus difficile s’il y a par exemple un assez grand nombre d’élèves rencontrant des difficultés cognitives ou d’élèves issu·es d’un univers culturel ou linguistique différent (16% travaillent avec des élèves dont la première langue n’est pas la langue d’enseignement).
Un environnement difficile

L’enquête de l’OCDE montre en outre que le climat scolaire est moins favorable aux apprentissages en France que dans le reste de l’OCDE. Certes, globalement les relations entre professeur·es et élèves sont plutôt positives (94% des enseignant·es le pensent), mais il y a néanmoins de gros points noirs. (...)

Ce sont surtout les enseignant·es débutant·es qui sont confronté·es à ces difficultés, mais ce handicap est nettement plus marqué en France que dans le reste de l’OCDE : 76% des profs ayant plus de cinq ans d’ancienneté disent parvenir à contrôler les comportements perturbateurs en classe, mais seulement 58% ayant cinq ans ou moins d’ancienneté, soit 18 points d’écart (les pourcentages sont respectivement de 87% et 78% dans l’OCDE).

La raison principale de ces difficultés plus marquées à contrôler leur classe en France est bien connue : elle tient au mode de classement des choix d’affectation qui repose principalement sur l’ancienneté. (...)

En France, les enseignant·es confirmé·es échappent ainsi en grande partie aux classes difficiles. On conçoit assez facilement la perte d’efficacité globale du système qui en résulte, ainsi que le déficit qu’il occasionne en matière d’équité scolaire.

Une autre raison peut l’expliquer : la formation les prépare-t-elle correctement à entrer en relation avec le public scolaire et à délivrer leur enseignement dans de bonnes conditions pédagogiques ? La réponse concernant la France n’est malheureusement pas positive. (...)

seulement 22% des professeur·es français·es se sentent bien ou très bien préparé·es à l’issue de leur formation initiale à la gestion des comportements des élèves et de la classe. (...)

Un autre résultat frappant montre l’isolement des enseignant·es au moment de rejoindre leur établissement : seul·es 17% disent avoir reçu une initiation formelle ou informelle à ce moment crucial du début de leur activité, contre 42% pour l’ensemble des pays de l’OCDE. (...)

L’enquête de l’OCDE livre malgré tout quelques résultats plus encourageants. Tout d’abord, contrairement à une idée reçue, les profs français·es sont motivé·es pour exercer leur métier. (...)

Par ailleurs, lorsqu’on consulte plus en détail les données de l’enquête TALIS, on constate que la formation des plus jeunes enseignant·es s’est rapprochée de ce qui se pratique dans les autres pays de l’OCDE, avec notamment une part plus importante consacrée à la formation pédagogique. (...)