
Mobilisation des associations sur la question de
l’apprentissage du français en direction des migrants
Les valeurs que nous portons et défendons :
Depuis de nombreuses décennies, les structures de proximité (associations de quartier,
centres sociaux) portent des valeurs de solidarité et de partage et contribuent au
développement des quartiers en s’appuyant sur un principe fondateur : l’initiative et la
participation des habitants à leur destinée commune. Plusieurs milliers de migrants
rejoignent ainsi chaque année nos associations et y trouvent les moyens de prendre part à
une société qui peut être tour à tour accueillante ou indifférente voire hostile. Nos
structures de proximité les ont toujours accompagnés en leur permettant d’être autonomes
dans leur vie quotidienne, de participer à la vie de la cité, de partager leur histoire et leur
culture, de s’ouvrir à la société d’accueil, d’y prendre place.
Ces dernières années, les ateliers sociolinguistiques (ASL) sont devenus des lieux de
découverte, des espaces sociaux et d’apprentissage de la langue aux méthodes
pédagogiques reconnues par les professionnels et les pouvoirs publics. (...)
Ce qui nous heurte dans le Référentiel Français Langue d’Intégration (FLI ) :
En octobre 2011, le Ministère de l’intérieur, de l’outre-mer, des collectivités locales et de
l’immigration a publié un premier décret en direction des organismes de formation agréés
instituant un dispositif dit « Français Langue d’Intégration ». L’élargissement annoncé de ce
dispositif aux structures associatives telles que les nôtres nous pousse à rendre publique
notre opposition aux principes qui sous-tendent cette démarche et à ses conséquences
possibles, tant pour les migrants que pour les structures de proximité.
L’injonction à l’intégration
Tout d’abord, la publication d’un texte émanant du Ministère de l’Intérieur mêlant des visées
pédagogiques en matière de formation et des injonctions politiques marque un tournant qui
nous préoccupe au même titre qu’il a déjà inquiété nombre d’universitaires spécialisés dans
l’enseignement du Français aux non francophones. Un texte qui mélange le droit à
l’apprentissage de la langue avec « l’adhésion aux usages et aux valeurs de la République,
aux principes fondateurs de la République française, (…), que les Français ont l’ambition de
considérer comme universels » nous ramène à une vision néocoloniale du monde et des
étrangers. Il induit un jugement de valeur entre des civilisations, aux antipodes de celles
portées par les centres sociaux et par bon nombre d’associations.
D’autre part, le lien établi
entre apprentissage de la langue et droit au séjour ou accès à la naturalisation, se trouve
renforcé, notamment avec l’exigence de niveaux accrus en français.
Des contraintes de certification en tension avec les principes associatifs, avec l’autonomie
du projet de chaque association. (...)
Si le décret en direction des associations est publié, l’« Agrément FLI » et l’adhésion aux
principes du FLI® deviendront une condition de financement des structures associatives,
l’indépendance des associations en sera de fait menacée.
Nous rappelons que l’État
demeure l’un des rares acteurs publics qui finance ce type d’activité.
Au nom de la qualité et de la reconnaissance des acteurs, les contraintes administratives
mises en place pour le suivi des actions dans le domaine sociolinguistique sont le signe
manifeste d’une volonté d’ingérence dans le fonctionnement des associations et une
négation des compétences et des outils préalablement développés par celles-ci.
Si nous reconnaissons bien évidemment la légitimité du contrôle de l’utilisation de l’argent
public, nous ne pouvons admettre qu’il soit le prétexte pour nier le projet associatif et
instrumentaliser les bénévoles et salariés qui définissent et portent ensemble un projet au
nom de valeurs et autour de pratiques conformes à la loi de 1901 sur les associations. (...)
Appel à pétition :
Si vous partagez nos inquiétudes et nos demandes, nous vous appelons à signer ce texte pour
demander une large concertation sur le concept FLI, son référentiel et le projet d’agrément
en direction des structures associatives.