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Vivre avec une conscience aiguë du drame...
Article mis en ligne le 5 juillet 2019
dernière modification le 3 juillet 2019

Vivre avec une conscience aiguë du drame écologique pousse de jeunes gens à faire le choix de la stérilisation. Certains et certaines ont expliqué à Reporterre les raisons de leur décision.

1,7 planète. C’est ce qu’il faut à l’humanité pour subvenir à ses besoins, d’après l’ONG Global Footprint Network (GPN). Mais il y a qu’une seule Terre. Et elle va mal. Face à l’absence de mesures prises pour inverser la tendance, des jeunes hommes et femmes ont décidé d’agir à leur échelle, au plus intime d’eux-mêmes : ils n’auront pas d’enfants. Jamais. D’après une étude suédoise publiée en juillet 2017 dans la revue Environmental Research Letters, avoir un enfant de moins reviendrait à diminuer les émissions de CO 2 de 58,6 tonnes par an. Vingt fois plus efficace contre le réchauffement climatique que ne pas prendre sa voiture ou renoncer à un vol transatlantique d’après les chercheurs. Alors, ne pas en avoir… Si ces chiffres ont suscité l’indignation sur les réseaux sociaux, la crise écologique pousse de plus en plus de jeunes adultes à renoncer à leur capacité de reproduction. (...)

Lucille, une assistante vétérinaire de 31 ans, est arrivée à la même conclusion et a pris la décision de se faire stériliser. « Entre la production et le développement de produits spécifiques comme les biberons, tétines, couches, alimentation, jouets, médocs, les trajets supplémentaires nécessaires, les fringues nécessaires durant la croissance, un enfant a des conséquences environnementales énormes ! explique-t-elle. Entre la pollution, la surpopulation et la surconsommation que cela entraîne, je me vois mal ajouter à la surface du globe un être qui va devoir consommer pour vivre, au détriment des autres. »

Pour Mathilde aussi, la crise écologique a été un déclic. « L’écologie est la principale raison pour laquelle je vais me faire stériliser, dit d’un ton déterminé cette masseuse de 27 ans. Je me souviens de ce jour où j’ai retrouvé mon partenaire. Son frère est océanologue, il venait de lui dire que ses collègues et lui-même sont affolés, le réchauffement climatique est pire que ce qu’on pensait. Et l’humain est clairement l’élément le plus pollueur. »

Lucille et Mathilde ont d’ores et déjà pris rendez-vous avec un gynécologue pour commencer le délai de réflexion de quatre mois imposé par la loi et se faire ligaturer les trompes dès que possible. (...)

Déjà que les prochaines décennies ne vont pas être faciles pour nous, faire un enfant aujourd’hui, je pense que c’est lui imposer une vie de merde. » « Faire un enfant aujourd’hui, c’est accepter qu’il n’aura pas la même espérance de vie que nous, estime aussi Sereb. C’est égoïste mais aussi irresponsable. »
« Je suis toujours claire dans le début d’une relation, quitte à ce qu’elle s’achève si l’homme en face de moi veut des enfants »

Au-delà de ces scénarios catastrophes, c’est la disparition du monde tel qu’on le connaît aujourd’hui qui a incité Mandy à ne pas avoir d’enfants. Travaillant dans la sauvegarde de la faune, elle est particulièrement inquiète de la disparition des espèces animales. « Vu l’état de la planète, je n’ai pas envie d’imposer la vie à quelqu’un qui n’en verra peut-être pas la moitié, dit-elle. J’adore voyager, je me dépêche déjà d’aller dans certains pays pour voir des espèces avant qu’elles ne disparaissent. Ça me fait mal au cœur de voir des parents emmener leurs enfants au zoo ou au cirque pour voir des animaux. Si aujourd’hui j’avais des enfants, je ne pense pas que je puisse les emmener voir des lions en Afrique quand ils auront 10 ans. » (...)

Dans un pays à la politique nataliste comme la France, le parcours de ces jeunes adultes vers la stérilisation est semé d’embûches. Mais cette démarche est vaine, pour Sereb car, selon lui, il est trop tard (...)