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Violences policières : "J’ai montré ma carte de presse, ça n’a rien changé"
#greves #manifestations #retraites #violencespolicieres #journalistes
Article mis en ligne le 10 avril 2023

Le 25 mars 2023, Clément, journaliste radio, se rend à la mobilisation pour la défense de l’eau à Sainte Soline. La manifestation tourne à l’affrontement. Le lendemain, Clément est arrêté, malgré sa carte de presse et placé en garde à vue pendant 28h. Un récit signé Clément Baudet et Rémi Dybowski.

Clément, 34 ans est journaliste radio. Parce qu’il travaille sur un projet autour des questions liées à l’eau*, il* se rend à la mobilisation internationale pour la défense de l’eau organisée dans le Poitou par Les Soulèvements de la Terre.

"Je trouvais que c’était important d’y être en tant que journaliste, mais aussi en tant que citoyen, parce que, comme beaucoup de gens, je suis assez préoccupé et inquiet par les sécheresses, les questions liées au changement climatique qui est un peu lié au capitalisme effréné*" Clément*

"C’était assez bonne ambiance et avait un truc qui m’a fait marrer aussi, c’est qu’il y avait pas mal de gens avec des bouées gonflables en forme d’animaux. Donc il y avait des licornes, il y avait des tortues, il y avait des requins et des gens portaient ça ont fait le long du cortège." Clément

Le samedi, la manifestation - interdite par la préfecture - autour de la méga-bassine de Ste Soline, protégée par 3200 agents des forces de l’ordre tourne à l’affrontement. Les organisateurs comptent plus de 200 blessés dont certains en urgence vitale. (...)

Le lendemain, à la sortie du village de Melle, Clément est arrêté par des gendarmes qui effectuent une "révélation de substance criminalistique" sur ses vêtements.

"lls m’ont demandé de me mettre contre le mur, de fermer les yeux parce que ça pouvait être dangereux pour ma santé. Et ils ont passé une petite lampe comme une lampe de poche, un peu une lampe UVB sur tous mes vêtements, sur mes cheveux. Et ils m’ont dit que cette petite lampe avait pouvait détecter de l’ADN, que ça s’appelait des PMC, des produits encodés." Clément

Malgré sa carte de presse, il est placé en garde à vue pendant 28h après la révélation d’une petite trace invisible sur sa main. Il s’agit de PMC, "produits de marquage codés" à base d’ADN de synthèse, une nouvelle technologie encore peu connue utilisée par la gendarmerie nationale.

"En fait, c’est une technique de marquage biologique à partir d’ADN de synthèse, sans produit, indétectable à l’œil nu, incolore et inodore, qui sont donc tirés par les forces de l’ordre sur les manifestants, pour marquer les manifestants" Clément

Investigations surréalistes, enchainement de tests, pour finalement être notifier de mise en garde à vue au motif suivant : "Participation à un groupement en vue de la préparation de violences volontaires contre des personnes ou de la destruction ou dégradations de biens. Donc, c’est passible quand même de un an d’emprisonnement et 15 000 € d’amende. Là, j’ai été sidéré." Clément

Paul Boyer, journaliste, va suivre les manifestations contre la réforme des retraite. Il sent petit à petit que les tensions montent dans la manifestation. A partir de 18h, le cortège afflue de plus en plus et les charges commencent à la tombée de la nuit. (...)

"Ce jeudi 23 mars, c’était une manifestation qui était encore plus violente que ce qu’on pouvait voir à l’étranger, dans des pays non démocratiques. Finalement, j’avais rarement vu un tel niveau de violence dans une manifestation française." Paul

Alors qu’il discute avec une manifestante, une dizaine de motos de la Brave M débarque et c’est le début du calvaire. (...)

ils se rapprochent vers nous et là, sans qu’on ait eu le temps de réagir, ils commencent à nous frapper un par un, un peu à l’aveugle. J’ai vu la manifestante à qui je parlais, qui était par terre. Elle avait du sang sur le visage" Paul

Paul brandit sa carte de presse mais rien n’y fait.

"Pensant naïvement que ça allait me protéger. Je la montre à l’officier qui est en face de moi. Mais là, je n’ai pas le temps de réagir. Il commence directement me frapper." Paul

Paul reçoit plusieurs coups très violents, il réussi à s’extirper et termine sa journée aux Urgences. (...)

Je ne sais pas comment, mais j’ai eu le réflexe de mettre ma main gauche juste ici, au niveau du front. Et lors du premier coup sur ma main, le coup était tellement fort, j’ai senti que ma main était broyée directement. Et cette main gauche qui a été fracturée a protégé mon visage en fait." Paul

Aux urgences, les soignants sont choqués, mais reçoivent régulièrement des personnes victimes de violences policières.

"Les deux chirurgiens ainsi que l’anesthésiste, ont été complètement outrés. Il y en a même un qui m’a dit c’est honteux de devoir soigner des concitoyens victimes de violences policières" Paul (...) (...)