
Le gouvernement haïtien est revenu samedi sur sa décision d’augmenter les prix des produits pétroliers, une mesure très impopulaire qui a déclenché des violences ayant fait au moins un mort dans ce pays où la majorité de la population vit dans une pauvreté extrême.
(...) Auparavant, le président de la Chambre des députés Gary Bodeau avait lancé un ultimatum de deux heures au gouvernement pour qu’il revienne sur cette hausse, sans quoi il serait « considéré comme démissionnaire ».
Avant même cette mesure controversée, M. Lafontant, nommé en mai 2017, était déjà très critiqué pour son inaction. Les députés, dont la majorité est acquise au président Jovenel Moïse, avaient commencé la semaine dernière un débat pour statuer sur son avenir.
Le recul du gouvernement, après moins de 24 heures, pourrait mettre un terme à son mandat et entraîner la chute du gouvernement.
L’annonce vendredi après-midi de la hausse des tarifs des produits pétroliers a déclenché une flambée de violences.
Un supermarché et divers commerces ont été pillés et plusieurs entreprises et véhicules ont été incendiés, principalement dans les quartiers aisés de Pétionville.(...)
Des mouvements similaires de colère ont été enregistrés au Cap-Haïtien, la deuxième ville du pays, ainsi que dans les communes des Cayes, Jacmel et Petit-Goave.
Vendredi soir, un policier assigné à la sécurité d’un dirigeant politique d’opposition a été tué dans une altercation avec un groupe de manifestants à Port-au-Prince. Il a été lynché alors qu’il cherchait à forcer le passage, et son corps a ensuite été brûlé sur la chaussée.(...)
L’augmentation des prix de l’essence (38%), du diesel (47%) et du kérosène (51%) devait entrer en vigueur samedi à minuit, dans le cadre d’un accord avec le Fonds monétaire international (FMI) sur la cessation de la subvention publique sur les produits pétroliers, source conséquente du déficit budgétaire de l’État.
Cette importante hausse est perçue comme insupportable par la majorité de la population qui fait face à une pauvreté extrême, un chômage de masse et une inflation supérieure à 13% pour la troisième année consécutive.(...)
Depuis l’annonce des nouveaux prix, les stations-service des principales villes du pays ont suspendu la distribution de carburants.