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Vingt-cinq ans d’immersion dans une Amérique obsédée par le fric
Article mis en ligne le 3 juillet 2017

La photographe américaine Lauren Greenfield publie “Generation wealth”, une enquête passionnante et foisonnante qu’elle a menée pendant vingt-cinq ans aux Etats-Unis et à travers le monde, pour comprendre et expliquer l’obsession de la richesse qui s’est imposée dans nos sociétés.

Pour démarrer le récit de cette « génération richesse », Lauren Greenfield a choisi de retourner Los Angeles et dans son lycée de Santa Monica, à l’aube des années 90. Âgée de vingt-cinq ans et fraîchement diplômée en anthropologie visuelle, elle capture déjà les racines de cette obsession pour l’argent et les achats compulsifs qui explosera quelques années plus tard : parmi ses photos de la jeunesse dorée de Californie, qui habite des demeures majestueuses ou des hôtels de luxe, s’amuse dans les clubs les plus selects, collectionne les sacs de créateurs et cultive à temps-plein son apparence, on trouve notamment des portraits de Kate Hudson ou Kim Kardashian. Nous sommes en 1992 et cette dernière, si elle n’a que 12 ans, deviendra bientôt l’icône d’une génération et l’incarnation d’une célébrité gagnée à ne rien faire. L’époque est marquée par une surconsommation grandissante, et de plus en plus, les désirs d’individus jeunes et moins jeunes sont dictés par une norme : celle du milieu social dans lequel ils évoluent. (...)

Ce glissement des valeurs est longuement décrit dans les chapitres qui suivent. Les médias – la chaîne télévisée MTV en tête – se délectent des portraits de « people » baignant dans le luxe et le faste : Paris Hilton et l’émission The Simple Life en sont, là encore, l’illustration. Le mode de vie de ces nouvelles stars devient un rêve à atteindre pour les millions de téléspectateurs qui les regardent, les admirent, et rarement les décrient. (...)

« Je "shoppe" donc je suis », « culte de la célébrité », « modes de vie des riches et célèbres », « faites-le pleuvoir » [l’argent, NDLR], etc : les quatorze chapitres du livre illustrent donc les différents aspects de cet « aspirational gap » (ou « fossé des ambitions »), défini par la sociologue Juliet Schor (2) comme « la distance [grandissante] entre ce que les individus désirent, ce dont ils croient avoir besoin, et ce que leur permettent leurs moyens ». Ainsi, les clichés « bling-bling » de stars (de Demi Moore et Ashton Kutcher à Michael Douglas en passant par Elton John, Selena Gomez, le rappeur Tupac ou encore Carrie Fischer) et de richissimes anonymes sont autant d’exemples de ce que Lauren Greenfield nomme « l’influence de l’affluence ». « C’est ce qui m’a le plus intrigué : dans ce cycle du consumérisme, vous n’en avez jamais assez : même les très riches aspirent à plus. (...)