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Victoire écologiste, déroute macroniste et défiance abstentionniste : les enseignements des municipales
Article mis en ligne le 29 juin 2020

Une nouvelle génération de maires écologistes, ou portés par des alliances de gauche, arrive à la tête de plusieurs grandes villes. Le parti présidentiel n’en conquiert aucune. Analyse.

« Vague verte », « raz de marée des écologistes », « tsunami politique » ou « vent d’espoir » : les métaphores naturalistes n’ont peut-être jamais été aussi appropriées qu’hier soir, pour qualifier les résultats du mouvement écologiste aux élections municipales. En emportant plusieurs grandes villes, parmi lesquelles Lyon, Strasbourg ou Bordeaux – et en échouant de peu à ravir Lille et Toulouse – les écologistes s’affirment indéniablement comme les grands gagnants du scrutin. (...)

C’est dire l’ampleur de la victoire, très certainement l’un des plus grands succès électoraux dans l’histoire de l’écologie politique française (avec les élections européennes de 2009). « C’est un résultat historique, confirme le politologue Erwan Lecoeur. C’est la première fois que les écologistes sont investis d’une telle confiance dans les urnes et se retrouvent ainsi en capacité de gérer autant de collectivités. C’est loin d’être anodin, quand on sait que le maire est l’élu préféré des français. » (...)

Symbole absolu de ce basculement, Lyon, où EELV fait coup-double, en remportant à la fois la Ville et la Métropole (...)

Des listes « participatives » émergent dans les petites villes

A Strasbourg, Besançon ou Marseille, ce sont des femmes qui ont été élues maires, tandis que la plupart de ces listes faisaient la part belle à la jeunesse, comme à Besançon. (...)

« C’est le signe d’un véritable changement : terminé le temps où les écologistes et les gens nouveaux n’étaient pas pris au sérieux, veut croire Erwan Lecoeur. Aujourd’hui, l’écologie semble au contraire être le seul horizon politique qui n’est pas mort. Il se dessine un monde politique nouveau, avec des priorités accordées à des enjeux nouveaux, tels que le climat. » De son côté, le réseau Action commune recense une soixantaine de liste citoyennes et « participatives » élues sur le territoire, dans des villes moyennes comme Chambéry ou plus petites telles Saint-Médard-en-Jalles (Gironde). (...)

Le parti présidentiel rayé de la carte des agglomérations

Paradoxalement, ces nouveaux élus sont pourtant assis sur une faible légitimité, au regard du taux de participation extrêmement bas – autour de 43%, près de 20 points de moins par rapport au scrutin précédent de 2014. Jamais des élections municipales n’avaient ainsi connu pareil niveau d’abstention. Une véritable « grève civique » selon Jean-Luc Mélenchon, le patron de la France Insoumise, qu’il assimile à une « forme d’insurrection froide contre toutes les institutions du pays ». Un triste record qui invite nécessairement à relativiser la portée du résultat dans les urnes et à s’interroger sur les conséquences futures de cette sécession abstentionniste.
A moins de deux ans de la prochaine échéance présidentielle, il reste donc encore du chemin avant d’envisager sérieusement la date de 2022, du côté des écologistes. Aucune autre formation politique ne pouvait s’extasier de ses résultats, hier soir. 
(...)

le Rassemblement national gagne certes Perpignan, la seconde ville de plus de 100 000 habitants que l’extrême droite est amenée à gouverner, après Toulon en 1995, mais perd l’arrondissement marseillais que le RN gérait, et voit nationalement son nombre de conseillers municipaux fortement réduit. (...)

EELV reste pour sa part tiraillé entre deux stratégies : d’un côté, les tenants d’une ligne autonome, sans alliance, défendue par Yannick Jadot ; de l’autre, les partisans d’un plus large rassemblement, avec d’autres partenaires de gauche, sur le modèle d’Eric Piolle, à Grenoble. Ces élections municipales n’auront pas forcément permis de dégager une tendance à même de s’imposer par rapport à l’autre en vue de la prochaine échéance régionale (...)

Une chose est sûre, la montée en puissance des enjeux écologiques sur la scène politique semble se confirmer, bien aidée par un mouvement social très actif sur ces questions. Au tour de cette nouvelle génération de maires écologistes, désormais, de leur donner corps à l’échelle locale |

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