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Basta !
Vers un hold-up des multinationales sur les semences paysannes ?
Article mis en ligne le 2 juin 2012
dernière modification le 31 mai 2012

Des milliers de variétés de semences pourraient être privatisées. Cela se passe en Inde où les multinationales Monsanto, Syngenta, ou la française Limagrain, tentent de s’accaparer ce bien commun. De quoi mettre en péril la souveraineté alimentaire de l’Inde dont les variétés végétales ancestrales seraient brevetées et privatisées par les multinationales de biotechnologies. L’écologiste indienne Vandana Shiva sonne la contre-attaque.

40 000 variétés de semences en Inde pourraient tomber entre les mains des multinationales. C’est ce que révèle un article de l’édition indienne du Wall Street Journal du 18 mai. Dans un entretien, Swapan K. Datta, chercheur en génie génétique et directeur général adjoint du Conseil indien de recherche agricole (ICAR) propose d’« offrir » aux multinationales l’immense banque de gènes nationale. La contrepartie ? « Bénéficier de l’expertise des multinationales en vue de développer des semences à rendements plus élevés pour les agriculteurs indiens ». Ces semences « améliorées » sont celles présentées par les firmes de biotechnologies comme résistantes à la sécheresse et aux aléas climatiques [1].

M. Datta évoque aussi « le partage des profits » et « la conquête d’un marché des semences », évalué à 200 milliards de dollars. « Vendre notre banque de gènes, c’est mettre en péril notre souveraineté alimentaire », s’insurge la militante écologiste indienne Vandana Shiva. « Il est complètement ridicule de considérer les institutions publiques indiennes comme étant en mesure de conquérir le marché mondial des semences, alors même que le marché des semences indien est confisqué par d’autres ». Dix firmes contrôlent les deux tiers du marché mondial de la semence, et 65 % des brevets et produits issus des biotechnologies agricoles dans le monde, selon le rapport 2009 du think-tank canadien ETC Group. (...)

« Ce que propose le Dr Datta, c’est la légalisation de la biopiraterie, autrement dit la piraterie de la biodiversité à travers des brevets », résume Vandana Shiva. Une société américaine, W.R. Grace, s’est déjà illustrée dans une affaire de biopiraterie avec le Neem, également appelé le margousier des Indes.
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En fondant Navdanya en Inde, Vandana Shiva propose une alternative non lucrative à la mainmise privée sur le vivant. En France aussi, les maisons de la semence se développent [2]. Elles visent à protéger et à gérer les semences collectivement et localement, et à garantir que ce patrimoine commun reste disponible. « Et si les milliards d’euros aujourd’hui consacrés aux recherches en biotechnologies végétales étaient reconvertis pour financer massivement la conservation dynamique des variétés paysannes ? », propose le Réseau semences paysannes. Une mesure qui ne réjouira certainement pas Monsanto et consorts.
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