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Vasile, Josef et Mariza voudraient quitter le bidonville pour un vrai logement
#logement #roms
Article mis en ligne le 10 décembre 2022

Vasile, Josef et Mariza font partie de la même communauté rom de Paris. Ils voudraient un travail, avoir accès aux mêmes droits que les autres ressortissants européens et trouver un logement. Mais la muraille administrative corse leurs démarches.

« Bonjour Monsieur Nicolas ! », s’exclame Vasile (1) souriant. Le jeune homme de 25 ans accueille à bras ouverts Nicolas Clément, un des représentants du Secours catholique. Une figure sur le bidonville, situé au sud de Paris, à côté du périphérique (2). Vasile habite une baraque de dix mètres carrés, à côté de celle de ses parents et pas loin de celle de Josef (1), son cousin. À l’intérieur, tout est propre et bien rangé. Des tapis et des draps recouvrent les murs et le plafond. Un poêle en ciment réchauffe la pièce. Il sert aussi de cuisinière, de cendrier et de poubelle : « Tradition romani ! », s’exclame-t-il, toujours souriant. Le grand gaillard aux yeux bleus et aux traits fins propose un Fanta et lance la conversation sur ses démarches administratives. Depuis un an et demi qu’il est en France, il a trouvé un CDI pour bosser sur les chantiers, il a appris le français et vient enfin de trouver un logement social :

« Trouver du travail c’est facile, mais un logement impossible. Je n’en peux plus du platz. Ça n’est pas une vie ici dans la boue à côté du périph’. »

Ce mercredi soir, comme toutes les semaines, une petite équipe de bénévoles vient rencontrer les habitants du platz, le nom donné par les Roms à leurs bidonvilles. Nicolas Clément, sur le terrain depuis plus de dix ans, explique : « C’est à nous de venir les voir et de maintenir le lien ». Il a remporté le prix Seligmann contre le racisme avec son livre La précarité pour tout bagage, publié aux éditions de l’Atelier. Avec les autres bénévoles, il accompagne les habitants du platz dans leurs démarches administratives ou aide les enfants à faire leurs devoirs. Voilà plusieurs semaines que l’équipe tente de débloquer les problèmes des riverains à la banque ou leurs tentatives d’accéder à un logement social. Car la majorité voudrait quitter le platz.
Muraille administrative (...)

Pour ouvrir un compte en banque ou trouver un logement, il faut de multiples papiers officiels. Et surtout des contrats de travail. La plupart des étrangers se heurtent à une muraille administrative en France. Cela fait deux mois que Josef essaie d’ouvrir un compte à la banque. Malgré son contrat, ses fiches de paie et sa domiciliation à l’appui, impossible d’avoir un rendez-vous. C’est Stéphane, un bénévole qui ira directement à la banque pour en dégoter un. « En attendant, mon patron envoie l’argent sur le compte de Vasile, qui me le donne en liquide. »

Depuis six ans qu’ils sont en France, Mariza et son mari n’ont pas de carte vitale. « Pour quoi faire ? Pas besoin ! C’est trop compliqué », clame son mari. Alice, une des bénévoles, raconte :

« Les Roms sont confrontés à du racisme institutionnel. »

C’est le cas de Vasile. « Il travaille depuis un an, il a donc automatiquement un numéro de sécurité sociale affilé. Mais à la sécu, on lui a demandé des papiers non-obligatoires comme par exemple un titre de séjour, quand bien même il est Européen. Puis l’administration a perdu son dossier. » Il a fallu repartir de zéro. Après neuf mois de démarches, il a finalement eu accès à la sécurité sociale. « Pendant tout ce temps, je ne pouvais pas demander de logement », explique Vasile. (...)