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Vaccination : les autorités n’écoutent pas les citoyens
Didier Lambert est le porte-parole de la campagne pour des vaccins sans aluminium. Président de l’association E3M (Entraide aux malades de myofasciite à macrophages), il est favorable à une vaccination raisonnée et sécurisée.
Article mis en ligne le 28 janvier 2017
dernière modification le 27 janvier 2017

Pour dissiper la méfiance grandissante de la population envers les vaccins, le ministère de la Santé lançait, il y a un an, une concertation nationale sur la question. Las : ses conclusions, explique l’auteur de cette tribune, sont très éloignées des avis formulés par les jurys citoyens et les préoccupations citoyennes formulées en ligne.

Rappelons le contexte : 41 % des Français estiment que les vaccins ne sont pas sûrs. Le corps médical est lui-même de plus en plus méfiant. Ainsi, un tiers des médecins pensent que les adjuvants (substance rajoutée à certains vaccins pour renforcer leur efficacité) présentent un risque ; 20 % des médecins ne font pas confiance au ministère de la Santé ; et sur les 80 % qui lui font confiance, la moitié estime que les autorités de santé sont influencées par l’industrie.

« La vaccination, ça ne se discute pas », annonçait la ministre de la Santé, Marisol Touraine, le 29 mai 2015. Cette position très dogmatique et peu scientifique repose sur trois principes intangibles :

  • La vaccination est un outil essentiel pour la prévention des maladies ;
  • Tout vaccin est efficace et utile ;
  • Ses effets indésirables sont quasiment inexistants.

Le corollaire étant que toute critique émise contre l’un de ces trois principes est rejetée et que leurs auteurs sont accusés d’être « des antivaccinaux ». (...)

En tant que président de l’association E3M (qui rassemble des personnes atteintes de myofasciite à macrophages, maladie neurologique induite par l’adjuvant aluminium), j’ai participé à la formation des jurys. Je peux assurer que les conclusions du rapport sont très éloignées des attentes de la population :

La question de la toxicité de l’adjuvant aluminium est largement soulevée par les citoyens et les jurys. Mais elle est ignorée par le comité Fischer ;

L’arrêt de l’obligation vaccinale est souhaité par le jury des professionnels de santé et la moitié du jury citoyen. Mais le comité Fischer fait le choix inverse : il conseille d’augmenter le nombre des vaccinations obligatoires qui passeraient de trois à onze (dont huit avec aluminium), avec une « clause d’exemption » possible, les vaccins demeurant exigibles à l’entrée en collectivité. L’obligation vaccinale pourrait être supprimée ultérieurement, si la confiance des Français revenait ;

Les jurys ne veulent pas encourager la vaccination contre le papillomavirus (HPV — Gardasil ou Cervarix), qui fait l’objet de nombreuses critiques. Pourtant, le comité Fischer recommande le développement de la vaccination des jeunes filles et son extension aux jeunes garçons avec prise en charge à 100 % par la Sécurité sociale. Étonnamment, cela correspond à une demande de l’industrie : « Les taux de vaccination contre le HPV sont insuffisants et en régression. » [Document remis par les industriels du médicament aux jurys citoyens et professionnels de santé le 16 septembre 2016.]

Les avis des citoyens et jurys n’ont été retenus que lorsqu’ils correspondaient à ce qui était attendu. (...)

La question de l’indépendance du comité Fischer se doit d’être posée. Plusieurs de ses membres sont fortement liés à l’industrie pharmaceutique, en contradiction avec la charte de l’expertise. Il s’agit d’une violation délibérée de la loi votée par les parlementaires à la suite de l’affaire du Médiator, puisque le comité Fischer en a débattu en son sein le 16 juin 2016 (page 101 et suivantes).

Parler de « démarche participative », de « concertation », pour en définitive rejeter une partie importante de ce que demandent les citoyens, est une attitude grave et dangereuse pour notre démocratie.