
Ce mardi 17 octobre, Mickaëlle Paty a prononcé un discours et répondu aux questions des sénateurs, au cours d’une commission d’enquête sur les faillites idéologiques et étatiques qui ont conduit à la mort de son frère.
Grâce à un discours écrit et préparé en amont, la sœur du défunt professeur d’histoire-géographie a livré, trente minutes durant, son analyse, à la fois intellectuelle et juridique, sur ce qu’elle voit comme les failles étatiques et idéologiques qui ont conduit au drame. Elle a accusé « ceux qui choisissent une vérité alternative défendue par quelques courtisans cherchant carrière », et « ces éternels adeptes de l’idéologie du pas-de-vaguisme, paralysante et tétanisante qui semble avoir atteint par contagion l’État tout entier. » Phénomène qui conduira selon elle son frère « à être livré seul en pâture à la mouvance islamiste » : « Le dernier condamné à mort pour blasphème en France n’est plus François-Jean Lefebvre de la Barre, exécuté en 1766 à Abbeville. C’est désormais Samuel Paty, exécuté en 2020 à Conflans-Sainte-Honorine. »
Faillites idéologiques
À 15 heures, le sénateur Laurent Lafon a lancé l’audition de Mickaëlle Paty en lui affirmant que certaines de ses sorties « ont été prémonitoires », citant l’entretien qu’elle a donné à Marianne le 2 octobre dernier lorsqu’elle nous prévenait que « nous ne sommes pas dans l’après Samuel Paty mais dans le pendant », quelques jours avant l’assassinat de Dominique Bernard à Arras. Le professeur de français d’Arras tué trois ans après Samuel Paty ? Mickaëlle Paty a commencé son propos par lui rendre hommage, « celui qu’on n’a pas sauvé », « ce professeur assassiné dans une attaque terroriste islamiste mettant à exécution les ordres de ceux qui veulent détruire notre école pour détruire notre démocratie »
Première mise en cause ? L’Éducation nationale et le rapport de l’Inspection générale de l’éducation, du sport et de la recherche (IGESR) du 3 décembre 2020 : « Ici, où on parle de ’gérer un trouble’, l’origine du trouble étant ’le cours sur la liberté d’expression de Samuel Paty’. La formulation choisie trahit l’intention véritable de ce travail. Il s’agit non de faire la lumière sur les responsabilités et les éventuelles erreurs des uns et des autres dans cette affaire, mais avant tout de dédouaner l’institution de toute responsabilité éventuelle. On s’interrogera sur la conception très particulière du dialogue que cette mission d’inspection a pu avoir avec les acteurs de terrain », a affirmé la jeune femme.
Avant de poursuivre en pointant la méthode du rapport : « Seuls trois professeurs ont été entendus sur les 51 qui composent l’équipe pédagogique contre quatre représentants des parents d’élèves, inversant le rapport de force. On pourrait également s’interroger sur la rapidité de sa rédaction, le rapport ayant été bouclé, ou bâclé, en quinze jours, ce qui ne laisse d’interroger sur le but attendu. Je tiens également à souligner la volonté constante de l’Éducation nationale, à travers ce rapport, de faire totalement abstraction d’une quelconque notion de péril grave et imminent comme ce fut le cas la semaine précédant l’attentat et de continuer de transformer une campagne islamique en problème pédagogique. »
L’Éducation nationale et ses non-dits (...)
Ce mardi 17 octobre, Mickaëlle Paty a prononcé un discours et répondu aux questions des sénateurs, au cours d’une commission d’enquête sur les faillites idéologiques et étatiques qui ont conduit à la mort de son frère.
« Nul ne pouvait ignorer son calvaire ». En mai, dans une lettre adressée au Sénat que nous avions publiée Mickaëlle Paty demandait l’ouverture d’une commission d’enquête parlementaire pour éclairer les failles et les responsabilités qui ont conduit à l’assassinat de son frère, Samuel Paty. Mardi 17 octobre, au lendemain d’un évènement en hommage à son frère (dont Marianne était partenaire) et où elle a pu raconter le cours qui lui a coûté la vie, Mickaëlle Paty a livré ses vérités devant les sénateurs.
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Grâce à un discours écrit et préparé en amont, la sœur du défunt professeur d’histoire-géographie a livré, trente minutes durant, son analyse, à la fois intellectuelle et juridique, sur ce qu’elle voit comme les failles étatiques et idéologiques qui ont conduit au drame. Elle a accusé « ceux qui choisissent une vérité alternative défendue par quelques courtisans cherchant carrière », et « ces éternels adeptes de l’idéologie du pas-de-vaguisme, paralysante et tétanisante qui semble avoir atteint par contagion l’État tout entier. » Phénomène qui conduira selon elle son frère « à être livré seul en pâture à la mouvance islamiste » : « Le dernier condamné à mort pour blasphème en France n’est plus François-Jean Lefebvre de la Barre, exécuté en 1766 à Abbeville. C’est désormais Samuel Paty, exécuté en 2020 à Conflans-Sainte-Honorine. »
Faillites idéologiques
À 15 heures, le sénateur Laurent Lafon a lancé l’audition de Mickaëlle Paty en lui affirmant que certaines de ses sorties « ont été prémonitoires », citant l’entretien qu’elle a donné à Marianne le 2 octobre dernier lorsqu’elle nous prévenait que « nous ne sommes pas dans l’après Samuel Paty mais dans le pendant », quelques jours avant l’assassinat de Dominique Bernard à Arras. Le professeur de français d’Arras tué trois ans après Samuel Paty ? Mickaëlle Paty a commencé son propos par lui rendre hommage, « celui qu’on n’a pas sauvé », « ce professeur assassiné dans une attaque terroriste islamiste mettant à exécution les ordres de ceux qui veulent détruire notre école pour détruire notre démocratie ».
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« Le simple fait qu’un professeur ait pu être décapité pour blasphème en France en 2020, démontre que faille il y a », a commencé Mickaëlle Paty « afin de comprendre les failles administratives et politiques qui ont pu concourir à l’assassinat de Samuel Paty, d’analyser les mesures correctives qui en ont découlé et d’en tirer les évidentes recommandations ». Avant d’en remettre une couche, encore sur le plan des lâchetés idéologiques, à commencer par celle de la bienveillance face au sentiment religieux : « Prôner la tolérance et invoquer toujours plus de bienveillance (sous-entendant ainsi que le professeur pourrait être malveillant par nature) n’a pourtant ouvert la voie qu’à des dérives incontrôlables et finalement au renforcement des extrêmes. Si la référence n’est plus la loi mais le fait de ne pas offenser certains musulmans qui mettent leur créateur au-dessus de tout, de la justice comme de la fraternité, cela n’entraînera que censure et immanquablement, une application différenciée des règles en fonction de l’appartenance religieuse, octroyant finalement plus de droit à certains, véritable ferment de discorde et de séparatisme. »
Plutôt que la fausse bienveillance, la sœur du professeur d’histoire-géographie a réaffirmé la force de l’empathie : « Sans empathie, sans cette capacité, il est impossible de comprendre les principes de la laïcité et les valeurs de la république, ni même celle de la liberté d’expression. Sans empathie, on n’accorde aucun crédit à la vie de l’autre, l’autre étant relégué au rang d’ennemi. »
Les accusations
Le moment des accusations après le récit aux sénateurs du triste lendemain du 16 octobre 2020 : « ‘Qu’est-ce qu’on devient après ça ?’, Il allait bien falloir que j’en fasse quelque chose de ce ‘ça’, un ‘ça’ sans nom, juste un visuel à l’institut médico-légal où ma réaction première a été de dire : ‘Ce n’est pas lui !’, je crois que je ne voulais pas que ce corps meurtri soit celui de mon frère. » Première mise en cause ? L’Éducation nationale et le rapport de l’Inspection générale de l’éducation, du sport et de la recherche (IGESR) du 3 décembre 2020 : « Ici, où on parle de ’gérer un trouble’, l’origine du trouble étant ’le cours sur la liberté d’expression de Samuel Paty’. La formulation choisie trahit l’intention véritable de ce travail. Il s’agit non de faire la lumière sur les responsabilités et les éventuelles erreurs des uns et des autres dans cette affaire, mais avant tout de dédouaner l’institution de toute responsabilité éventuelle. On s’interrogera sur la conception très particulière du dialogue que cette mission d’inspection a pu avoir avec les acteurs de terrain », a affirmé la jeune femme.
Avant de poursuivre en pointant la méthode du rapport : « Seuls trois professeurs ont été entendus sur les 51 qui composent l’équipe pédagogique contre quatre représentants des parents d’élèves, inversant le rapport de force. On pourrait également s’interroger sur la rapidité de sa rédaction, le rapport ayant été bouclé, ou bâclé, en quinze jours, ce qui ne laisse d’interroger sur le but attendu. Je tiens également à souligner la volonté constante de l’Éducation nationale, à travers ce rapport, de faire totalement abstraction d’une quelconque notion de péril grave et imminent comme ce fut le cas la semaine précédant l’attentat et de continuer de transformer une campagne islamique en problème pédagogique. »
L’Éducation nationale et ses non-dits (...)
Mickaëlle Paty évoque alors, sans le nommer « ce petit professeur meurtri d’avoir perdu son titre de coordinateur de matière au profit de mon frère », « faisant du zèle pour l’accabler et se mettre en scène devant ses classes de troisième, ce qui aura certainement motivé ceux-ci à se retrouver à 17h le 16 octobre 2020 pour livrer Samuel à son bourreau ». Et puis ces professeurs, qui auraient dû « resserrer les rangs » : « Même lorsque le 9 octobre 2020, la vérité éclatera, c’est-à-dire l’absence de la petite menteuse dans le cours incriminé, tout le monde sans exception continuera à propager la calomnie et traitera mon frère en coupable. L’imaginaire s’est donc substitué au réel. » (...)