
À Uzeste, les arts poïétiques s’amusent aux jeux de rôle en glissements progressifs.
Depuis longtemps, Lubat en rêvait : que les acteurs d’Uzeste musical sortent du rôle qu’on leur attribue ailleurs. Contrat type : arriver, jouer, repartir. Même ses proches compagnons de route, étoiles de la scène ou de l’écran, sacrifiaient à ce rite d’étoiles filantes. En cet été 2013, Uzeste s’est fait constellation. Michel Portal annonce la couleur dans des propos recueillis par le journal régional Sud-Ouest : « J’ai décidé de passer trois jours sur le festival. Je serai acteur, mais aussi spectateur. » Il monte sur scène à trois reprises. Il en redescend apaisé. Le Mozartien à la clarinette découvre, swingueur au saxophone soprano, un public de salle de fêtes « attentif », « affectif ».
Pourquoi cette année et pas plus tôt ? « Parce que, dit-il, avec le temps, cela devient un ancrage. Je ne peux pas venir ici en touriste. Dans les concerts que je viens d’y donner, j’ai eu l’impression de jouer cinq minutes. J’étais dans le naturel. Moins de stress, moins de tourments. » Apparemment plus joyeux ? « Oui, et sincère. Je n’ai jamais rompu avec ça, et ce n’est pas demain que je vais rompre. Confronter la musique, comme le fait Bernard, aux autres arts, aux débats, est formidable. On ne peut plus accepter d’être assigné à sa seule prestation. La manipulation des artistes convoqués à des programmes conçus sans eux et à des spectateurs fascinés par des vedettes est inadmissible. Si on y cède on le paiera très cher plus tard. » (...)
La Cie Lubat et Michel Portal seront le 14 septembre à la Fête de l’Humanité, à l’espace des Amis de l’Huma.