
Par réflexe naturel, les comités populaires révolutionnaires se mettent en place rapidement. Chacun sait ce qu’il doit faire. Comme au « bon vieux temps » de la révolution, en janvier dernier.
Fort de leur expérience acquise durant les dures épreuves qui ont précédé la chute de Moubarak, « chabab et-thaoura » (les jeunes de la révolution) s’organisent spontanément.
Contrôle de tous les accès menant à la place Tahrir par des volontaires, installations d’un hôpital de campagne avec des médecins et infirmiers volontaires. Les sirènes des ambulances rivalisent avec les cris des manifestants : « Echaâb yourid iskat el mouchir » (le peuple veut la chute du maréchal).
(...) Les manifestants se groupent selon leur appartenance politique, mais unis par un même slogan : « Non au pouvoir des militaires, le pouvoir aux civils. » Ils sont environ 50 000 manifestants, une nuit blanche révolutionnaire au sanctuaire de la révolution. Hommes, femmes, filles, garçons, communistes, libéraux, nassériens, islamistes, coptes et musulmans. On remarque également la présence de quelques imams de la célèbre mosquée El Azhar. Des « barrières » humaines se forment pour empêcher la police de pénétrer sur la place et disperser le gigantesque rassemblement. Subitement, l’emblématique place Tahrir renoue avec la ferveur révolutionnaire.
« Nous sommes résolus à défendre notre révolution jusqu’au bout, quitte à laisser nos vies ici, place Tahrir » (...)
La rupture est définitivement consommée entre le peuple de Tahrir et le Conseil suprême des forces armées, à sa tête le maréchal Tantaoui. Fin de lune de miel fracassante. (...)
L’assassinat de plus de 30 personnes, tombées sous les balles assassines de la police militaire lors des affrontements de samedi passé, a plongé tout le pays dans l’émoi et a provoqué une grande colère. Mais pas seulement. Ces douloureux évènements rappellent aux Egyptiens une période qu’ils croyaient révolue.
(...)