
L’immolation par le feu d’un jeune homme à Lyon le 8 novembre a révélé au grand public la grande précarité dans laquelle vivent de nombreux étudiants. À l’université Rennes 2, une épicerie gratuite tenue par des bénévoles distribue de la nourriture invendue à un nombre croissant de personnes.
L’endroit ouvre trois fois par semaine et propose différents produits en fonction des collectes réalisées par les bénévoles. « Il y a des produits laitiers, des fruits et des légumes, et des produits tels que des crêpes. Parfois, on a des shampoings ou des infusions. En général, il y a du pain, des brioches, de la viande à cuisiner, des plats tout faits, du poisson… » Sans oublier les produits végétariens et véganes. « Le lundi et le mardi, les produits arrivent de la ville de Rennes. Les gens viennent avec leur récipient et on leur sert ce qu’ils veulent », détaille Nolwen.
« Je n’ai pas de taf à côté, je n’ai même pas de bourse, donc c’est chaud »
L’épicerie, à l’organisation bien rodée, fonctionne grâce à une cinquantaine de bénévoles. Elle est destinée en priorité aux étudiants de l’université Rennes 2, mais « on ne demande aucun justificatif. On ne souhaite pas empêcher certaines personnes qui gagneraient un euro de trop et ne seraient donc “pas assez pauvres” de bénéficier de notre aide ». (...)
Le succès de l’épicerie a un goût amer : il prouve que de nombreux étudiants vivent dans la précarité. Une situation dénoncée par un étudiant lyonnais en grande difficulté financière qui s’est immolé, vendredi 8 novembre, devant un Crous. Il avait écrit un post sur Facebook pour expliquer son geste. Pour soutenir ce jeune homme de 22 ans aujourd’hui entre la vie et la mort, des rassemblements ont été organisés ce mardi dans les campus de nombreuses villes de France derrière des bannières « La précarité tue » et se sont répétés mercredi 13 novembre. (...)
C’est pour lutter contre cette précarité qu’est née l’épicerie solidaire. À Rennes, selon une étude menée par Audiar en 2017, 17,1 % des étudiants ne mangeaient pas à leur faim de manière répétée, faute de moyens financiers. En 2018, les bénévoles de l’association rennaise Coeurs résistants ont remarqué que beaucoup d’étudiants se rendaient à leurs distributions de nourriture destinées à un public de la rue. Ils en ont parlé à la présidence de Rennes 2, qui a trouvé des jeunes de l’université motivés pour monter le projet de l’épicerie. (...)
« C’est une association qui a un but social, mais aussi écologique et on met les deux au même niveau » (...)
Et l’idée se répand : « Plus d’une soixantaine de personnes nous ont contactés pour faire des épiceries gratuites. Le but est que les initiatives se développent, de travailler tous ensemble, qu’il y ait une émulation, un partage pour que ça puisse bénéficier au plus grand nombre. »