
Depuis décembre 2018, les centres de rétention pour migrant·e·s sont secoués par des révoltes, des formes d’organisation collective, des grèves de la faim. À partir de janvier 2019, des personnes solidaires se rencontrent, pour faire sortir la parole de l’intérieur et soutenir la lutte à l’extérieur. Cette brochure "En lutte contre les CRA" essaie de raconter tout ça.
Dans cette brochure, nous avons rassemblé les communiqués, ainsi que des lettres et des coups de fil, de prisonnier·ère·s en lutte à l’intérieur des CRA entre décembre 2018 et févier 2019.
Ielles racontent leurs conditions de vie, la quotidienneté de rétention et les violences subies, mais aussi les résistances toujours présentes, les tentatives d’auto-organisation, les révoltes.
Nous avons aussi fait des comptes-rendus de quelques actions à l’extérieur en solidarité avec ces luttes et contre la machine à expulser : manifs, parloirs sauvages...
Alors que dans les CRA les révoltes continuent, cette brochure ne se veut pas seulement comme un recueil de témoignages, mais aussi comme un outil pour continuer à soutenir les révoltes des personnes détenues, pour en finir avec ces prisons. (...)
Les CRA sont des lieux d’isolement et d’abus. Mais il ne faut pas se tromper : ils ne sont pas quelque chose de complètement indépendant, d’exceptionnel par rapport au reste. Ils sont un maillon d’une chaîne bien plus large.
Cette chaîne va des relations néocoloniales qui règlent les visas et les accords bilatéraux, jusqu’aux frontières militarisées, des centres d’hébergement et d’accueil aux prisons, des préfectures à la commission d’asile, des tribunaux aux rafles et aux contrôles au faciès dans les rues et dans les gares.
Une pluralité d’acteurs fait partie de ce système. Certains se disent humanitaires, d’autres sont explicitement répressifs, mais que ce soit pour trier, expulser, ou “éduquer et intégrer”, ils participent tous au grand jeu de fichage et de contrôle des migrant·e·s, de leurs mouvements, de leurs comportements, de leurs vies.
Les CRA sont le visage le plus explicite et brutal de la mise à l’écart des migrant·e·s “sans les bons papiers”.
Mais ils ne produisent pas que de l’exclusion. Ils ont pour objectif de fabriquer des travailleurs et des travailleuses toujours plus exploité·e·s, soumis au chantage continu de la réclusion et de l’expulsion. (...)