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Un spectre hante Israël…
Elias Sanbar Ecrivain, traducteur du poète Mahmoud Darwich. Membre du parlement palestinien en exil, ambassadeur de la Palestine auprès de l’UNESCO depuis 2006.
Article mis en ligne le 15 mai 2021
dernière modification le 14 mai 2021

Vingt ans ont passé depuis la publication de ce texte dans Le Monde le 25 janvier 2001. Vingt ans durant lesquels Israël, faute d’avoir su entendre ce message de vérité et de réconciliation, a nourri en son sein le poison de la haine et du racisme envers les Palestiniens. Pourtant ce que j’écrivais alors reste la seule voie de raison et d’espoir.

D’où vient l’immense difficulté d’Israël, toutes tendances politiques confondues, à reconnaître le droit au retour ? Il faut aborder le nœud originel du conflit pour y répondre.

Percevant Israël comme un « bien absolu », car fondé en réponse, en riposte, contre un « mal absolu » – la persécution des juifs qui culmina avec la barbarie nazie –, les Israéliens ne peuvent concevoir que leur État soit né d’une injustice faite à un autre peuple. Plus grave, toute reconnaissance de cette injustice est comprise par eux comme suicidaire : reconnaître ce qu’ils ont fait aux Palestiniens équivaudrait pour les Israéliens à entériner à terme la disparition de leur État.

Peut-on reconnaître l’existence de l’Autre palestinien sans pour autant renier la sienne ? Le dilemme, en apparence insoluble, le défi historique auquel est confronté Israël, sont là.

J’ai dit plus haut que cette tragédie pouvait connaître un heureux dénouement à condition que ses acteurs assument tout à la fois un devoir de vérité, un désir de justice et une éthique politique de la réconciliation.

Or, et aussi paradoxal que cela puisse paraître en ces temps d’affrontements et de répression meurtrière, un chemin a déjà été parcouru dans cette voie.

Les travaux des historiens des deux bords, des Israéliens surtout qui ont entrepris la révision du récit officiel des événements de 1948, sont là pour le montrer. (...)