
Le Resf 43 a remporté une première manche pour éviter l’expulsion d’une famille kosovare déboutée du droit d’asile. La réunion entre l’association et la préfecture, lundi 20 janvier, a été une bataille d’arguments entre justice sociale et justice administrative.
Mercredi 15 janvier 2020, une centaine de personnes se sont regroupées devant la préfecture du Puy-en-Velay à l’appel du Réseau éducation sans frontières de la Haute-Loire (Resf 43). Les deux parents et deux de leurs enfants sur les trois avaient reçu l’ordre de quitter le territoire vendredi 17 janvier pour retourner au Kosovo, pays qu’ils ont fui cinq ans auparavant. Les membres de l’association Resf, enseignants, élèves, sympathisants, présents ce jour-là ont réussi à pénétrer de façon pacifique à l’intérieur de la préfecture. À force de détermination, ils ont réussi à obtenir un rendez-vous en date du lundi 20 janvier à 18 heures avec Nicolas De Maistre, préfet de la Haute-Loire, et son secrétaire général Rémy Darroux. (...)
« Ce que nous voudrions, c’est que le préfet use de son pouvoir discrétionnaire »
« La réunion a duré 1h30, explique Jean-Pierre Artero, membre de l’association Resf 43. Avec moi, il y avait Agnès Ginhoux, également du Resf 43 et Virginie Durantet, professeure de langue française et étrangère au lycée de la Roche-Arnaud. Le préfet est resté arc-bouté sur la loi. Selon de vagues études, l’Albanie et le Kosovo sont des pays sûrs et il n’y a donc aucune raison pour que des migrants issus de ces deux pays ne puissent pas repartir chez eux. Il nous a rappelés qu’il était le garant de la loi. Nous, nous avons souligné que cela faisait cinq ans que cette famille était insérée en France, en Haute-Loire. Que les trois enfants étaient scolarisés au collège et au lycée du bassin ponot et qu’ils suivaient une bonne scolarité. Et que les parents, malgré le fait qu’il leur soit interdit de travailler, avaient des promesses d’embauches sur des métiers en tension comme le ménage ou la restauration, des postes que personne ne veut et qu’eux n’attendent qu’une chose : qu’on leur donne la possibiblité d’y accéder ».
Un répit d’un peu plus de cinq mois
Devant les arguments du Resf 43, Nicolas De Maistre a proposé un moratoire sur leur départ. « Le préfet nous a assurés qu’elle resterait en Haute-Loire sans être inquiétée au moins jusqu’à la fin de l’année scolaire, donc jusqu’à la fin juin 2020, confie Jean-Pierre Artero. Ça leur laisse ainsi un peu de répit sans menace au quotidien. Mais ça ne résout pas le problème pour autant. (...)
Sept familles en Haute-Loire déboutées du droit d’asile
« Appliquer la loi stricto sensus, c’est une chose mais attendre cinq ans pour ça, ce n’est pas cohérent, insiste Jean-Pierre Artero. Nous sommes loin d’être une minorité qui préféreraient une justice sociale plutôt que purement administrative, prenant en compte les éléments humains. Ici les principaux éléments sont la présence durant cinq années en Haute-Loire de cette famille, des enfants totalement intégrés, des enfants qui n’ont pas suivi une année scolaire mais qui suivent un cursus scolaire complet. » En Haute-Loire, sept familles sont actuellement déboutées du droit d’asile et sous la menace de quitter le territoire français à tout moment.